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En prenant le thé.

s’éloignèrent, et ayant changé de place je ne les revis plus de la soirée.

Vers le soir, en me déshabillant, je trouvai à ma boutonnière les violettes de la fillette et je les mis dans l’eau.

Tout en faisant cela, je m’étais assis, et les yeux fixés sur les fleurs pâles, je revoyais passer dans ma mémoire toute ma vie d’enfant.

Que de choses je revis dans cette heure-là ! Et qu’il suffit de peu pour remplir toute une soirée de rêves agréables et de souvenirs charmants !

Petite femme ! Petit mari !

Qui n’a pas eu, perdu dans les brouillards de l’enfance, sa petite femme ou son petit mari !

Quel naïf, chaste et pur amour ! qu’il est adorable ce premier sourire, ce premier réveil de l’âme et n’est-il pas vrai qu’il est des moments où l’on est heureux de retrouver dans ses souvenirs de ces heures d’amour maladroit et enfantin, de ces instants de passion naïve ?

La première fois, j’avais dix ans peut-être :