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Violettes de Parme.

À deux pas de moi, dans l’embrasure d’une fenêtre, une bouquetière Louis XV, en talons rouges et en paniers, — un Watteau de huit ans, — regardait tristement, dans la petite corbeille suspendue à son bras, quelques bouquets de violettes de Parme.

La poudre faisait un singulier effet sur ce jeune et frais visage, et la mouche, au coin de l’œil, se perdait en vains efforts pour rendre hardi ce pauvre regard timide.

De temps en temps, elle relevait la tête pour regarder les danseurs ; et il y avait tant d’envie de plaisir, tant d’anxiété dans ce regard-là, que je fus quasi heureux de voir s’avancer vers elle un Crispin de douze ans, qui l’invita à danser.

Ils se parlèrent un instant ; elle cherchait des yeux, tout autour d’elle, une place où mettre sa corbeille qui paraissait assez l’embarrasser.

— Voulez-vous me la confier, mademoiselle ? lui dis-je en avançant la main.

Elle releva vers moi sa petite tête joyeuse et me la posant sur les bras :

— Oui — merci bien.