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En prenant le thé.

déjà huit jours qu’il est ainsi, et je ne puis m’en séparer…

L’autre soir, sur une invitation, je me rendis au bal d’enfants que donnait la comtesse de D ***.

C’était vers trois heures : il faisait jour encore, mais on avait fait la nuit, — nuit artificielle, rougeâtre et lourde ; — chaque fois que s’entr’ouvrait la porte, la pâle lueur du dehors, tranquille et reposante, venait lutter avec cette lumière factice des bougies : c’était vilain et désagréable.

Mais l’illusion était complète pour tout ce petit monde : c’était un vrai bal, — un bal aux bougies.

Dans l’espace laissé libre par les mamans, les enfants, dans leurs costumes bariolés, dansaient et sautaient.

Quelques petites filles sans cavaliers, quelques bambins timides passaient, — un doigt dans la bouche, et regardant de côté, le long des banquettes, et dans les coins, quelques groupes curieux, fermant la retraite à un enfant, émoustillaient son esprit précoce.