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Vieux souvenirs.

Le soir, elle me conduisait elle-même, sa chandelle fumeuse à la main, et me couchait dans le grand lit à rideaux de coton rouge, puis s’asseyait à mon chevet, et ne partait que lorsque, endormi, j’avais lâché sa main.

Le matin, je la trouvais tricotant dans la chambre à l’heure où je m’éveillais, et je sautais du lit, pieds nus, pour aller me cacher dans ses genoux.

Quand je fus plus grand, elle fit dresser pour moi le meilleur poulain de la ferme, — et quand venait la fête du village, pour moi étaient la plus belle galette et le gâteau le plus appétissant ; — elle voulait le faire elle-même pour son fieu, — pour le petit maître, ainsi qu’elle m’appelait encore, lorsque déjà je l’avais dépassée de toute la tête.

Puis, sa figure s’effaçait dans mon souvenir, la tête de ma vieille amie branlait plus fort à chacun de mes voyages, ses pauvres mains devenaient plus maigres de jour en jour, et elle pouvait à peine quitter le lit ; elle voyait à peine, mais elle me reconnaissait au son de ma voix.

Elle m’appelait.