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Vieux souvenirs.

de celle que j’avais fait blanchir tout exprès, — de celle enfin que je voulais mettre, je laissai tomber mon pinceau à barbe rempli de mousse.

Ces choses-là n’arrivent qu’à moi.

Aussi, — furieux, et pour me punir de ma maladresse, je résolus de ne pas sortir, et je m’installai chaudement dans mon fauteuil.

De toutes les rêveries que m’apporta la fumée de mon cigare, une seule fixa longtemps mon esprit.

C’était de loin qu’elle arrivait, la bonne et franche vieille, qui venait, la tête branlante et toute souriante, me souhaiter la bienvenue à la porte de la ferme.

Sa bonne main calleuse pressait mes menottes de gamin, et elle se baissait pour m’embrasser bien fort.

— Mon fieu, disait-elle, comme t’es embelli ! T’es quasi aussi grand que moi.

Et elle riait de ce bon rire paysan, si vrai, si franc, si sonore.

Puis elle me prenait par les épaules, et, s’appuyant sur moi, lentement, et boitant un peu, elle rentrait avec moi dans la grande salle.