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En prenant le thé.

— Qu’y a-t-il ? lui demandai-je après lui avoir serré la main.

Ma cousine Jeanne a tout juste dix-sept ans sonnés ; elle est blonde, — élancée, — un peu pâle : ses yeux sont bleus et légèrement bridés — des yeux riants. Elle a une voix fraiche, métallique, un peu moqueuse, mais avec moi elle en tempère les accents.

Élevés ensemble et choyés d’un même amour dans le giron de bonne maman, nous avions pris l’habitude de vivre dans une douce familiarité. Elle m’appelait petit frère et je la nommais petite sœur.

Depuis quelque temps cependant, je remarquais dans sa mignonne personne un changement dont je ne me rendais pas bien compte : elle était vis-à-vis de moi plus réservée, elle rougissait à mon approche, et souvent lorsque je levais brusquement les yeux, je trouvais son regard fixé sur moi, — son regard si caressant, — qu’elle détournait presque aussitôt.

Elle était, ce jour-là, vêtue tout de blanc. À travers le nuage de mousseline, je pouvais voir son bras un