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Un mauvais livre.

un instant déjà, j’avais cessé de suivre sa lecture.

Elle me repoussa doucement, et, retournant le livre sur ses genoux, me prit la tête à deux mains et m’embrassant :

— Va, je t’aime bien, me dit-elle, et elle se remit à lire en se rapprochant de moi ; — nos deux tètes étaient l’une près de l’autre, ma lèvre sur sa joue et je la tourmentais.

— Allons, laisse-moi lire, c’est amusant, l’économie sociale.

— Oui, mais il ne faut pas en trop lire.

Cependant, tout en continuant, elle redevenait plus sérieuse, sa respiration devenait un peu pressée ; je la voyais porter quelquefois sa main devant ses yeux et s’arrêter sans lire pendant des minutes entières.

— Crois-moi, mon enfant, ne va pas jusqu’au bout…

— Tu me diras le reste.

— Oui, oui.

— Laisse-moi encore lire un chapitre.

Quand elle s’interrompit de nouveau :

— Eh bien ? lui dis-je.

— Eh bien, fit-elle aussi en posant sa tête sur