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En prenant le thé.

— Tu es une adorable madame, petite naïve… lui dis-je en riant et en l’embrassant.

— Mais… enfin !… pourquoi te moques-tu de moi ? — est-ce que ?… Voyons ! pas de sottises… ou je m’en vais.

Et comme je souriais toujours, la pauvre enfant, toute rouge, se leva, et, s’avançant vers la bibliotheque :

— Tu seras bien content, me dit-elle avec ironie et d’un petit air choqué, quand on se sera aperçu partout que je suis une petite niaise qui ne sait rien, n’est-ce pas ?

— Tu en sais assez, va, petite femme.

— Non, voyons, ne sois pas un tyran, j’ai si envie de lire un de ces livres. — Et se rapprochant de moi en câlinant : — Tu veux bien, dis ?

Comme je ne disais rien, elle retourna aux rayons, et posant la main sur un livre, elle le sortit un peu de sa ligne et lisant le titre en tournant la tête de mon côté :

Mademoiselle de Maupin, me demanda-t-elle, — est-ce un mauvais livre ?

— Aïe ! — fis-je à demi-voix, et plus haut : Non, chérie, c’est un roman d’économie sociale et qui ne t’intéressera pas du tout.