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Un mauvais livre.

— Tu as trouvé le temps bien long, chérie ?

— Méchant va ! me répondit-elle dans un baiser.

Elle parcourait des yeux, depuis un instant et tout en causant, les rayons supérieurs de ma bibliothèque, et de là, ramenant son regard sur moi en mordillant sa lèvre, semblait n’oser me faire une question qui l’intéressait fort.

Enfin, me regardant bien en face :

— Tu connais tous ces livres-là, dis ?

— Oui, — je les ai lus, — au fur et à mesure qu’ils paraissaient.

— Y a-t-il de mauvais livres dans tout cela ?

— De mauvais livres. — Qu’entends-tu par là ?

— Mais, je ne sais, — les livres que maman lisait et qu’elle ne voulait pas me prêter. — Par exemple ?

— Par exemple : Madame Bovary, Fanny, Paul de Kock… J’ai bien le droit de les lire, maintenant, je pense.

— Assurément, tu en as le droit, mais est-ce bien urgent ?

— Je ne dis pas que ce soit urgent, urgent… mais quel mal peuvent-ils me faire maintenant ? — Que veux-tu donc qu’ils m’apprennent, ces livres ?