Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

131
Une nuit blanche.

Que j’étais heureux alors de ne pas l’avoir éveillée ! Que de tourments et d’angoisses de moins pour cette bonne et sensible petite maman ! Et comme j’étais fier de cette bonne confiance qu’elle m’avait montrée, en s’endormant, tout inquiète qu’elle était, tranquillisée par ma parole donnée !

C’est dans ces moments-là surtout qu’il est bon de vivre ! Entre ces deux êtres aimés dont je veillais le sommeil, je comprenais, je sentais ma vie dans tout ce qu’elle devait avoir de sérieux et de réfléchi. J’étais heureux de la lourde charge qui pesait sur moi.

Bébé, cependant, reposait encore dans mes bras, son petit corps moulé sur mes genoux. — Sa respiration devenait un peu plus calme, ses mains moins brûlantes et moins humides ; je n’avais plus si peur.

C’est alors qu’au souvenir de l’heure écoulée, et les yeux sur cette mignonne petite figure, aux traits encore contractés, c’est alors que les appréhensions d’un malheur plus grand vinrent m’assaillir !

— Et si j’avais dormi, mon Dieu !