Il était environ neuf heures lorsque je m’éveillai de nouveau — le soleil, depuis longtemps levé, entrait par rayons indiscrets dans ma chambre et caressait la muraille ; je me penchai du côté d’Henri pour mon bonjour habituel — et fus assez triste, en vérité, de trouver la place vide.
— Ah ! c’est vrai, me dis-je au bout d’un instant, que je suis sotte !
Il n’en est pas moins vrai que j’eus le cœur gros.
Je me levai lentement, puis prenant mon courage à deux mains, je passai un peignoir et descendis au jardin.
Le déjeuner m’attendait, et je me mis à goûter mon chocolat ; à chaque instant, je me prenais à relever la tête comme pour faire part à Henri d’une observation ; c’était la première fois que je déjeunais seule, chérie, et franchement ce n’est pas gai.
La Manette entra pour me servir, et tout en faisant cent tours près de la table :
— C’est tout drôle ; À déjeuner sans monsieur ! On est tout chose, pas vrai, madame !
Brave fille, va, je l’aurais embrassée !
Après mon déjeuner, je remontai dans la chambre.