Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

117
Un jour d’ouverture de chasse..

Et puis il est malheureusement si adroit mon pauvre Henri.

Pendant que nous travaillions aux cartouches — Nemrod, couché en rond sous la table, dormait, la tête reposant sur le bas de ma robe : — il flairait l’odeur de la poudre, le noble animal, et rêvait, j’en suis sûre, de chasses féeriques.

— Il faut le voir, chérie, me disait mon petit homme, lorsqu’il arrête, la tête baissée, le corps allongé, la queue roide, une patte en avant — il flaire, il écoute, et son silence m’appelle…

En l’écoutant, je m’étais arrêtée dans mon travail, et j’avais, moi aussi, tendu le cou, je regardais — j’écoutais…

Henri se pencha vers moi et, sans que j’y prisse attention, me donna un bon baiser sonore.

Je repris, en rougissant un peu, ma position première, pendant qu’il me disait à l’oreille :

— N’est-ce pas ce gibier-là que tu guettais, chérie ?

La séance ce soir-là finit plus tôt — et devant se lever au jour — Henri gagna son lit.