Page:Ferdinand Genissieu - En prenant le thé (1868).pdf/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

116
En prenant le thé

Du reste, Henri était un si bon maître, et dans son enthousiasme il me disait de si jolies choses que j’aurais eu, franchement, mauvaise grâce à ne pas faire de mon mieux.

Ce fut pour moi tout un voyage de découvertes ; car, vois-tu bien, chérie, on a beau être mariée de six mois, comme je le suis, on n’a jamais une connaissance parfaite de son petit mari ; ainsi il y a mille petits riens qui m’avaient échappé et qui me faisaient alors plaisir à découvrir.

Il fallait l’entendre me raconter ses prouesses passées, — il y mettait un cœur, une âme : — en me disant la mort d’un pauvre petit faisan, et ses battements d’ailes, et ses convulsions d’agonie, le pauvre ami souffrait bien, va ! et moi je souffrais aussi pour lui.

C’était vraiment navrant.

Et comme je lui objectais qu’il aurait dû ne pas le tuer.

— Que veux-tu ! me répondit-il, j’avais promis un faisan à Mlle de D.

— Oh ! je savais bien qu’il n’était pas cruel — il avait promis ce faisan ! — Il n’y a rien à dire ! — ce n’est pas sa faute !… il fallait bien tenir parole. —