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Un premier cigare.

La table un peu éloignée vers le centre de la chambre, — nous primes place dans deux fauteuils aux côtés de la cheminée.

Au milieu, entre nous, sur un petit guéridon, le café sur un plateau d’étain tout luisant, et à côté, deux verres, — deux fluets verres mousseline. Black, bien repu et couché en rond entre les jambes du guéridon, avait posé sa tête sur ses pattes allongées, et sommeillait doucement, aux reflets d’un feu bien clair.

Mon oncle se leva doucement et alla chercher dans le coin, avec mille précautions, la petite demi-bouteille qu’il déboucha lui-même ; puis contemplant avec plaisir la poussière avec les toiles d’araignée qui la couvraient :

— Monsieur mon neveu, pas de distraction, et goûte-moi ça !…

Je regardai, à la flamme du feu, la couleur magique du nectar, et y trempai légèrement mes lèvres en faisant claquer ma langue.

— Peste ! mon oncle !… m’écriai-je.

— Ce n’est pas du vin de curé, ça, hein, camarade ? me dit-il après avoir goûté aussi à son verre.

— À moi, maintenant, de vous offrir quelque chose. Et je tirai de mon étui quelques cigares.