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Un premier cigare.

pourquoi j’ai pris l’habitude de donner à mon amie Catherine le surnom de vieille.

Je ne connais pas son âge ; mais à en juger par sa santé robuste, ses fraîches couleurs et son enjouement continuel, elle est moins éloignée de la maturité que de la vieillesse.

C’est une bonne fille au demeurant, et comme elle me le disait l’autre jour :

— Hé ! hé ! mon fieu ! vous êtes quasiment mon enfant, comme monsieur le doyen est quasiment mon mari ! hé ! hé !…

Et sa bonne grosse figure de rire, et, ses yeux gris, rendus petits par sa santé florissante, de se fermer en devenant humides.

Ce que j’aime surtout dans Catherine, c’est son rire.

Son rire à ma vieille amie, c’est son chef-d’œuvre.

Il commence doucement par quelques contractions de sa bonne et franche figure, puis de là s’étendant, agite les épaules ; elle met alors ses deux mains larges ouvertes, les doigts en avant, sur ses hanches, se cambre sur ses deux pieds massifs, et son gros ventre, recouvert du tablier de toile écrue, de bon-