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gràce pour les hérétiques, toujours sous la promesse un peu illusoire d’abjuration dans les six mois (3l mai 1536) ‘. A . La reprise des hostilités avec Charles-Quint et avec le duc de Savoie ramene François Ier ai ses alliés naturels, les protestants d’Allemagne et de Suisse. A ce moment, un rude et vaillant capitaine avait pris pied dans la confiance du roi et fut sur le point de balancer l’influence de Montmorency. C’était un comte de l`E1npire,_Guillaume de Furstemberg, général en chef des Allemands a la solde du roi. A la suite d’une nouvelle exécution sanglante a Grenoble faite au mépris de la quasi-amnistie, Furstemberg obtient enfin audience pour les ambassadeurs de Strasbourg et des villes`suisses, qui viennent implorer la clémence de François Ier en faveur de ses sujets. Le roi leur fait une de ces promesses « foy de gentilhomme_» qu’il était si difficile de transformer ensuite en un ordre écrit. Mais, à cette date, la majorité dans l’entourage du roi penchait encore pour la tolérance et y comptait 2.

Et c`est au moment même ou les partisans de la modération attendaient d’un jour a l’autre « l’édit de plus ample gràce » que François Ier allait leur échapper sans retour. Bien que de tels événements ne se consomment pas en un jour, celui qui a décidé de l’avenir religieux de la France a pour ainsi dire une date fixe. C’est celle des entrevues de Nice et d`Aigues-Mortes au milieu de 1538. Avant, il n`y avait rien de fait; apres, il n’y a plus rien a faire qu’a laisser agir le temps.

Michelet a fait revivre en quelques traits puissants ce triomphe de la grande conspiration catholico-espagnole qui cette fois s`empare définitivement du roi, en attendant que la maladie achève de le lui livrer sans résistance. Gagné par le découragement, inquiet de l'épuisement de ses ressources, las de lutter_contre le_prestige de Montmorency, contre les instances des cardinaux de Lorraine et de Tournon, contre la cour où le parti espagnol grossissait autour de la reine, autour du Dauphin et de Diane de,Poitiers, humilié de son isolement, quelque peu honteux de n’avoir plus d’allié

1. Hcrminjnrd, VI, p. 121, n. H.

2. Capiton écrit à Furel en parlant de ln cour : « Sunt multa pin pcctnra, sunt et imprimis studiosi multi publica: (ratrum trnnquillitatis ». (Sept. 1536.) ——· Herminjnrd, IV, 85.