d’amour l’indéfinissable modèle d’un genre où l’ironie et la science s’allient si finement que les gens de lettres n’y ont vu qu’une délicieuse satire, les hommes de loi qu’un parfait manuel de jurisprudence; il y a « les Fournier », Claude surtout, d’une famille déja illustrée par son dévouement héréditaire aux lettres et à la médecine; il y a Jean Desgouttes, Janus Guttanus, qui vient de traduire Lucien en français et qui va traduire l’Ariote; il y a enfin les deux brillants cousins, Maurice et Guillaume Sève, et à côté d’eux les deux sœurs Jeanne et Claudine Sève, dont François de Billon dira quelques années plus tard: « Ces deux vertueuses sœurs les compositions desquelles si bien estoient recueillies, moins n’auroient elles décoré leur païs, l’une pour la science de poésie et l’autre pour ses trets de nayve charité et assidue contemplation ès choses divines, qu'a fait celluy qui, portant le nom de Maurice et pareil surnom qu’elles deux, semble estre leur frère et de qui les œuvres bien commentez pourront un jour avoir l’heur de Pétrarque[1] ».
Tous ces noms, et bien d’autres qu’on pourrait recueillir dans les poésies de Voulté et de ses amis[2], n’appartiennent pas exclusivement à telle ou telle de ces petites sociétés lyonnaises, ils passent indifféremment de l’une à l’autre, et il n'y a nulle témérité à nous représenter notre précepteur dans ce groupe de jeunes gens que Voulté nous montre suspendus aux lèvres de tous les érudits aimables et de tous les philosophes hardis; car, à cet heureux moment où les genres n’étaient pas encore définis, ni les opinions arrêtées, on était audacieux à force de naïveté, on ne se défiait encore ni des autres ni de soi ni de la nature, et rien ne semblait plus simple que de retrouver le secret de la grâce antique avec celui de l’antique sagesse.
Il avait aussi sans nul doute rencontré chez Ducher, chez
- ↑ Le fort inexpugnable de l’honneur du sexe féminin, construit par François de Billon, secrétaire. Paris, Jan d’Allyer, 1555, in-4, p. 35.
- ↑ Voir encore la charmante pièce dans le livre IV des Hendécasyllabes (Paris, 1538) où Voulté raconte une soirée (ii Paris?) chez Mellin de Saint-Gelais, où Guillaume Sève l’a amené au dessert et où il a rencontré entre autres le jurisconsulte Emile Perrot, Ranconet de Bordeaux, « le premier érudit de France après Budé », Jean Dufresne, auteur d’une histoire d’Écosse, le savant Rhodius et son jeune élève, le fils de Robertet, le ministre de