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C’est à Belley que Ducher avait composé en grande partie ses deux livres d’Épigrammes : il les compléta l'année suivante en arrivant à Lyon[1], où nous le retrouvons, probablement professeur au collège[2] grâce à la protection de Duprat. Il avait été un des poètes et des panégyristes résolus du chancelier Duprat, son compatriote, et c’est à ses deux fils, Guillaume Duprat, évêque de Clermont, et Antoine, seigneur de Nantouillet, qu’il dédie ses deux livres, non sans déclarer en vers plats qu’il leur doit tout[3].

Dans cette petite société de lettrés, tour à tour ou tout ensemble étudiants et professeurs, il faut bien que notre jeune helléniste ait fait quelque figure, pour que Ducher lui ait donné dans sa liste de répondants devant le public un rang si honorable : il ne fait passer avant lui que Nicolas Bourbon, son maître Jean Raynier et Maurice Sève, le chantre de Délie, c’est-à-dire trois célébrités de premier ordre. Il le place avant Aneau, avant Charles Fontaine, avant Jean des Gouttes, avant Sainte—Marthe et Antoine du Moulin.

Dans le volume même, nous trouvons deux pièces de Ducher qui ont échappé à l'attention des biographes de Castellion et qui méritent d'être citées. Voici la première :


DE SEBASTIANACTE CASTALIONE SEBAUDO


Ite alio, ite alio, rupes et saxa Sabaudis
Qui tantum amentes dicitis esse meis,
Postquam Castalio sese natum asserit illis,
Idem Castalii gloria prima chori
Ætate Astyanax, doctrina est Nestor, et illa
Certe quæ reddit liberiorem hominem :
Felix inde magis quam si anni tempore toto
Pinguia centenis jugera bobus aret.


Nous n’avons pas la date de cette épigramme, et « l'âge d’Astyanax » n’est pas une indication suffisante pour la fixer. Toujours est-il qu'au moment de la publication du volume notre étudiant n’avait pas vingt-trois ans.

  1. « Contra quam Bellicio abs te proficiscens institueram, coactus sum Lugduni epigrammatibus tum recentibus scribendis, tum antiquis expoliendis integrum plus minus mensem insumere. » (Préf. du livre II des Epigr.)
  2. Charvet, Et. Martillange.
  3. « Omnia me fateor vobis debere duobus. »