Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/450

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais ne nous bornons pas a la Bible de 1553, que celle de Castalion dépasse incontestablement au point de vue de la forme et de la correction grammaticale. Recherchons si la Bible de peut soutenir aussi bien la comparaison avec la révision de 1588, qui naturellement l’a mise ai profit sur bon nombre de points 1. Prenons pour matière de ce dernier parallèle le chapitre si cher a Castalion ([ Cor., Xlll) :

Rnvisiox ne 1588. Bmtn ne CAsTAt.toN·

Quand bien ie parleroyles langages Si ie parloi langages e.d’hommes des hommes, voire des anges, et que e d’anges, e que ie n’eusse amour, ie ie n’aye point charité, ieisuis comme ne seroi qu’erain qui sonne, ou vne l’airain qui resonne, ou comme le cloche qui tinte. E si i’etoi si grand cymbale qui tinte. Et quand bien prophete, que ie sceusse tous les i’auroy le don de prophetie, et co- secrets e sciences, e si i’auoi toute gnoistroy tous secrets et toute la foi- qui peut etre, iusqn’a trans- science : et quand i’auroy toute la muer les montagnes, e que ie n’eus- foy, tellement que ie transpertasse se amour, ie ne se1·oi rien. E si ie les montagnes, et que ie n’aye point dependoi tous mes biens en aumones, eharite, ie ne suis rien. Et quand e liuroi mon cors pour être brule, bien ie distribueroy tout mon auoir e que ie n’eusse amour, ie ne proli- a la nourriture des poures, et quand teroi rien. Amour et patiente et de- bien ie liureroy mon corps pour bonaîre 2 amour n’a point enuie : estre bruslé, et que ie n’aye point elle u’et pointlegere : elle ne s’enl1e charite, cela ne me profite en rien. point 2 elle ne se porte point vilaine- Charité est d’vn esprit patient: elle ment 2 elle ne cerehe point son pro- se montre benigne : charité n’est, lit 2 elle ne pense point a mal: elle point. enuieuse : charité n’vse point ne prent point plaisir il iniustiee, d’insolence : elle ne s’enlle point. ains prent plaisir a la verité : elle Elle ne se porte point dcshonneste· souffre tout, c1·oit tout, espere tout, ment 2 elle ne cerehe point son pro- endure tout : amour iamais ne def- pre prolit : elle n’est point despi- faut. E les propheties seront anéan- teuse 2 elle ne pense point a mal. ties 2 e les langues cesseront 2 e la Elle ne s’esiouit point de l’iniustice: science sera aneantie 2. Car nous mais elle s’esiouit de la verité. Elle sauons en partie, e prophetisons en endure tout, elle croit tout, elle es- partie : mais quand ce qui et par- pere tout, elle supporte tout. Cha- fait sera venu, ce qui et en partie, rité ne déchet iamais, au lieu que sera aneanti. Quand i’etoi enfant, ie quant. aux propheties, elles seront parloi en enfant, i’auoi sens d’en- abolies : et quant aux langages ils fant, ie pensoi en enfant. Mais quand cesseront : quant a la cognoissance i’ai été homme, i’ai aneanti les choses elle sera abolie. Car nous cognois· enfantines. Car nous voyons main- sons en partie, et prophétizons en tenant par vn miroir obscurement : partie. Mais quand la perfection sera mais alors nous verrons fac’ à face. venue, lors ce qui est en partie sera Maintenant ie connoi en partie : . aboli. Quand i’estoy enfant, ie par- mais adonc ie connoitroi ainsi que _ loy comme enfant, ie iugeoy comme i’ai été reconneu. Maintenant foi, enfant, ie pensoy comme enfant : esperance e amour durent : mais de mais quand ie suis deuenu homme, ces trois, la plus grande et amour. ce qui estoit d’enfance s`en est alle. Car nous voyons maintenant par vn

1. Voir par ex. Jeremie, XXIV, où la Bible de 1553 est par endroits grotesque et incompréhensible; tandis que celle de Castalion est élégante et d`un tour presque moderne. La revision de 15SS emprunte plusieurs traits heureux à Castalion et cependant lui est inféPICUPB.

2. A sauoir la nôtre, qui ét imparfaitte e peut croître, it laquelle la parfaitte suceedera. i