Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/415

Cette page n’a pas encore été corrigée

_ OPINION DES THÉOLOGIENS LUTHÉRIENS. ' 397 Ailleurs, Hédion tirait ingénieusement un appel it la man- suétude chrétienne de la_parole du Christ a Pierre : « Tu seras un pecheur d’l1ommes vivants » (Luc, V, 40) : Prends garde diligemment que Christ luy dit: « 'l`u prendras les hommes vifz ». Et ce, contre la cruauté par laquelle aucuns aiment mieux occir les Juifz, Turcs et autres inüdèles et les envoyer en enfer que les gaigner vifz à Dieu. ` Cet emprunt fait a l’un des Béformateurs de Strasbourg avait d’autant plus d’intéret que le public protestant attachait un grand prix a l'opinion de cette école de théologiens réputée pour sa modération. Aussi les adversaires de Bellius essaie- ront—ils ctopposer et Gaspar I·lédion‘ deux autres noms illus- tres : Martin Bucer et Capiton. L’un et l`autre, sans se pro- noncer en faveur des consequences, avaient admis le principe _ que le magistrat doit intervenir sinon dans les questions de doctrine et de conférence du moins dans les << choses externes de la religion » ; restait a savoir ou commence, ou finit la « chose externe >> 2. Les trois derniers fragments de Bellius sont empruntés il trois commentateurs allemands du passage de l’Épitre ài Tite z Denim hœreticum. L’un est le fameux auteur de l`antinomisme, Jean Agri- cola d’Eisleben, depuis lors réconcilie pour un temps avec la doctrine luthérienne et, ai cette epoque, prédicateur it la cour de l`électeur de Brandebourg it Berlin. Le passage cité reproduit simplement le jeu de mots énergique rapporté par · Erasme. « Il paraît, dit Ag1·icola, qu`ils lisent : De aim ad vfgnem. » ` L’autre est Jacques Schenk « en l’Enermti0n de la même Epître ». C`est en effet sous le titre (liL`7’L(Z’I`7’(Ltt0 que le Pere \ 1. Traittë de Fauthorité du, magistrat, p. 320-324.

 Même équivoque jusque dans la déclaration du successeur de Calvin il la tète de

l'Eglise française de Strasbourg. Jean Garnier se hornait I1 dire (dans sa Bricfue et claire confession de lu. foy chreslienne faicle et déclairéc l’an I549 de Strasbourg, 24 juillet 1549, art. LXXIX : « Je crois que au magistrat appartient non seulement d‘avoir regard sur la politique, mais aussi sur les choses ecclésiastiques pour oster et ruiner toutes idolastries et tous faux services de Dieu : pour destruire le royaume de l’Anteehrist et toute faulse doc- trine, chastier aussi ct punir les faux prophètes qui mènent le povre populaire après les idoles et au lieu de l'Evangile presuhent et enseignent les fables et traditions des hommes _ au deshonneur de Dieu ». E '