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ornviou D’ÉRASME. 387 Erasme recula comme toujours devant trop de netteté. Il publia d'abord (4 IIOV. 4529) une Lettre aux jarétemlus Evan- géliques, où il proteste qu’il n’a pas l’intention d’enlever aux princes le droit du glaive, que le Christ et les apôtres leur ont reconnu; il peut y avoir lieu de sévir contre deux sortes d`liéresies graves, celles qui auraient un caractere blasphé- · matoire, et celles qui aboutiraient ai des séditions et ai des · troubles ‘ 1 les Evangeliques ne sont—ils pas les premiers Et user de ce droit sa11s merci contre les anabaptistes? Même ainsi restreinte, l’opinion d’Érasme méritait encore «l’être citée. D’ailleurs dans sa reponse délinitive à la Sor- bonne, Declarationes ad censmwts Ltttetiœ molgatas sub nomme Facultatis theologiœ [J§L7‘2·S’l(·?72SZ·S 2, il avait maintenu avec beau- coup de dignité les cinq ' propositions condamnées, justifié son interpretation de la parabole de l’ivraie, et renouvelé ses protestations contre l’emploi de la force en matiere reli- gieuse. Martin Bellie eût pu reproduire cette réplique tout entiere et l’appui de sa these; il se borne ai un autre morceau “ publié aussi apres la censure de la Sorbonne et qui se termine par ce vif parallele entre l’Eg·lise primitive et celle des temps lllO(lC1`I10S Z St Augustin estimait que les évêques ne devaient user d’autres armes que de la parole de 'Dien et de prières, et, si le mal etait incurable, de Fexcommunication, c’est-a-dire de la séparation de la communion. C’était alors l’extrême supplice de l’Eglise. Et, comme les juristes appel- lent l’exil la mort civile, pour les apôtres et leurs successeurs la peine capitale était de séparer de la compagnie de l‘Eglise. Aujourd’hui, les choses vont autrement .... Les moines commencent par semer faussement le bruit d’hérésie contre quelcun. Quant et quant, ils le jettent en prison, et puis ils disputent a leur mode : les articles sont notes, et les fagots apportés. 1. C`est bien cc qu'Erasme écrivait de Bale (19 décembre 1594), I1 Georges de Saxe, un des chefs les plus ardents du parti catholique : « ./liquum non est ut quivis error igni puniatur nisi acccdat seditio aut aliud erlinen quod .lcges capite puuiunt ». ll y ajoutait cette considé- ration de fait et de bon sens : «  Magnoperc vcreor nc vulgaribus istis remediis hoc est pali- nodiis, cnrceribus et incendiis malum uiliil aliurl quam exasperetur ». _ È'. Ce titre s'explique par le fait que les censures n`avaient pas été publiées. 3. C'est une belle page extraite de l‘Apol0yia (l(lUBl‘·S`ll6T articulos aliquot par monuchos quosdam in Hispania emhibilos. Elle fait partie du titre 1V Conlra Scmclam }787‘t)HL‘0)‘ll7}l lnquisilionem et se compose de trois morceaux, col. 1054 D, 1057 D, 1058 A, dans Yédition de Leclerc, t. IX. I