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OPINION D’ÉRASMlC. 385 Ill . OPINION D'ÉaAsME Citer Érasme ai l`appui de la thèse de la tolérance était chose plus délicate encore que de citer Melanchthon. Les sen- timents intimes du philosophe it ce sujet ne faisaient doute ' pour personne, et il n’était pas difficile de trouver dans ses écrits des appels it la mansuétude, des apostroplies tour a tour indignées et sarcastiques contre la cruauté des moines - et les horreurs dc la persécution. Mais, comme l’a tres bien expliqué Richard Simon ", en ne voulant rompre avec aucu11 parti, Érasme s’était nui aupres de tous; et sur ce point par- ticulier comme sur les plus graves questions de doctrine, ai force de réserves, de distinctions et de ménagements, il avait lini par n’avoir plus d’autorité, ne paraissant plus avoir d’opi11ion. Martin Bellie ne renonce pas cependant ai lui emprunter un témoignage décisif; et pour cela, laissant de côté les cita- tions plus piquantes qu’il eût pu cueillir ça et la ’, il se borne a deux morceaux d’un ton grave, dont iluétait difücile de méconnaître la portée. · -Le premier est u11 extrait du livre, publié en 4526 par Érasme, contre le syndic de la Sorbonne, Szoppumh`0 erromtm Bedze (proposition 32). C’est un commentaire de la pa1·abole de l’ivraie concluant aussi formellement que celui de Luther, a la distinction entre les fautes et les peines ecclésiastiques d’une part, les fautes et les peines civiles de l’autre. << Est- ce la, se demande-tëil comme on l’eu accusait, désarmer l`Église? >> Il 1·épond : « Osté—je aux evesques leur authorité d’enseigner, corriger, excommunier? Ou si, outre cela, ils 1. Ilisloirc critique des principaux commentaires du Nouveau Testament. Rotterdam, 1693, p. Bill (eh. xxxvt, Des apologies qu'Erasme a écrites pour défendre sa version). 2. On connaît ce passage de l'El0ge de la folie ou il fait allusion a une houtade de théolo- gien en belle humeur ; « Saint Paul n'a·t-il pas dit : Haeretieum, post unam et alteram cur- « reptionem, devita. Quoi de plus clair 1 de vita tollenrlum. » Erasme y revient et l'attribue à un théologien anglais (qui aurait lâché ce gros jeu de mots en.pleine assemblée) dans une lettre de septembre 1:328 ài Martinus Lipsius (Ed. Leclerc, 1703, t. Ill, lettre 179i. · _ 25