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\ 376 snaasrmu CASTELLION. Fort de cette distinction, il va, dit—il, « déclarer plus cler que lumiere >> combien agissent « follement et mescliamment nos evesques et princes quand parleurs lois et edits, ils contrai- gnentles mortels a croire ainsi ou ainsi >>. Ni l’autorite de l’Eglise, ni celle de l’Etat ne 1’arrête un i11s- _ tant; il faut l’entendre : · ` i (Test folie manifeste si quelcun vient dire : << Les roys et les princes croient ainsi et la multitude ainsi; il faut donc croire ·ainsi », Oste toi d’icy et te retire avec ta multitude, car nous ne sommes pas baptisez au nom des roys ou de la multitude, mais au nom de Christ, duquel nous portons ce nom de chrestiens..`.. L’âme est exempte de la puis- sance humaine et du magistrat secnlier, et est soubmise à la puissance de Dieu seul. · Je te prie donc, dy moy maintenant,_comhien de raison ou de pru- dence il y a en cestuy la, qui fait des loix à ceux sur lesquelz il n’a aucun droict? Qui est-ce qui ne jugeroit cestuy la plus fol que Tribolet l, qui commanderoit à la Lune qu’elle donnast lumière a son appetit? Pensez que cela seroit beau, si les Genevois 2 vouloyent imposer lois aux Veniticns, ou leurs commander quelque chose : auroyent-ils pas besoing d’hellcbore ou de veratre pour purger leurs cerveaux? Et toutesfois les Bois et les Princes tombent encor si lourdement en cest endroit (se laissans mener comme aveugles par les aveugles, par le Pape, par les Evesques, et sophistes) qu’iIs commandent à leurs subjects de croire ce que bon leur semble, sans la parolle de Dieu. Et veulent ce pendant; estre appellez Princes Chrétiens! Tout le monde convient, reprend Luther, que pour juger il faut voir clair et tres clair dans la cause. Comment donc s’imaginent—ils de << juger le dedans des coeurs et de l’àn1e, secrets qui sont manifestes a Dieu seul? Certes, je ne me puis assez emervciller de leur folle arrogance; ils s’efforcent de juger et ordonner de choses tant secrètes et divines comme est la foy .... >> Or la difficulte et peril de l'ame d’un chacun, git en cecy : de savoir comment il doit croire; car chacun doit regarder de croire droictement. Et tout ainsi que nul ne peut aller pour toy, ou au ciel, ou en enfer, ainsi nul ne peut croire, ou non croire pour toy. La foy ne peut estre contraincte, et tout ainsi qu`i1 n’cst dans la puissance d’aucun de te clorre, ou ouvrir le ciel ou enfer, ainsi nul ne te peut contraindre a la foy, ou a infidelité. Parquoy, puisque chacun a cela en sa conscience, ‘ comment il doit croire, ou non croire, la puissance humaine doit estre 1, Texte latin : Qui hunc non Jlelilide vaniarcm jm/Icare! qui inzpcrarct lunœ. — Lallemand (édition de Gcrluch) dit simplement : War u:0lllezIen71iL‘/ztfür unsinnig Italien. 2. Lisez : Génois. Le texte allemand prend un exemple plus rapproché : « die zu Leipzig ~ et u uns zu \Vitten1herg ».