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370 SÉBASTIEN GASTELLION. ` pere Ulrich était un des plus fermes soutiens de la Réforme. Assez durement traité par son pere, il s’était. préparé au gouvernement par plusieurs années de retraite, pour ne pas dire d’exil, dans le pays de Montbéliard, années séveres mais fécondes qu’il avait su employer a l’étudc et a la réflexion. Aussitôt apres son avenement, il avait pris une attitude nette, s’était déclaré pour l'Evangile, et avait, seul de tous les princes allemands, envoyé au concile de Trente sa con- fession de foi, que ses théologiens avaient mission de défeu- _ dre : « en quoy, lui dit Bellius, tu as montre que tu n`es pas tel qui fuys la lumiere, mais veux que ta foy et religion soit cogneùe de tout le monde >>. _ Un motif plus partieulie1· encore expliquait cet appel conë liant au patronage du duc Christophe. . Dans son séjour ai Montbéliard, le duc s’était lié avec un proscrit que son pere avait protégé non sans courage et dont lui-mème devait faire son conseiller, son ami et, co1nn1e dit Bellius, son « docteur ». C’était le célèbre Jean Brenz ‘ (Brentius), le coopérateur de Luther, qui apres avoir long- temps dirigé·l’Eglise de Halle en Souabe, puis l’université naissante de Tubingen, refusa de signer l7I7LtÉ7’7;’l’)Z (qu’il appe- lait l’[ntc1·itzmz), et fut poursuivi par les troupes espagnoles de Charles-Quint. Il echappa sous un déguisement, se cacha da11s les bois, traînant apres lui femme et enfants et fut enfin sauvé par le duc Ulrich. Le duc le iit enfermer dans ` un chateau dont il ne voulut pas savoir le nom, alin de pouvoirimieux le taire a l’cmpereur. Mais, menacé de plus pres, Ulrich ne crut plus son protégé en sùreté meme en prison : il lui fit gagner successivement Strasbourg, Montbéliard et Bale. C’est dans cette derniere ville, che; la veuve de son ami Grynée, que Brenz trouva enfin un peu de sécurité, du loisir et des amis, au nombre desquels nous pouvons inscrire sans témérité Castellion, Curione, Oporiu, Ochino. La mortde sa femme, qu’il avait du laisser avec ses enfants en `VLll`tO11ll]01`g, l’obligea·a sortir 1_ Voir le grand ouvrage de MM, J. Hartmxmn et Krmger, Johann Brén: nach gedrucklen _ und ungcclrucktezz Quelleu (Q vol. in-S, liûlT\l)\1l'g,'iSÃO), ou lu ]1i0gz—aphi.e dc l1ren:,par M. Hart- manu, dans le 1lI* vol. des Wïter 1m¢lIJey1·ûmIc2· dcr Lut/zcranisclzcu Iiirc/ie..