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LE « rimcru nus urîiutrionns » DE MARTIN Barrie. 367 Martin Bellie entre ensuite dans la discussion du seul texte sacré où se trouve le mot hwétégue : « Evite l’homme héré- tique aprés une ou deux admonestations » (Epître de saint Paul ai Tite, ch. III), et rapprochant ce conseil de celui que _donne Jésus (Math., XVIII) au sujet du pécheur obstiné: _ « S’il 110 se rend aux avis de l’Église, qu’i1 te soit comme un païen », l’auteur n`a pas de peine at en conclure qu’il ne s’agit la que d`une excommunication de l’Église. ` D’où il tire diverses considérations, qui peuvent se résumer en quelques lignes. ` ' On devrait distinguer deux sortes dhérétiques ou d’hommes at l’état de révolte contre l’Église : ceux qui le sont en matiere de conduite et ceux qui le sont en matiere d’opin·ion. Tous ceux qui font le mal, les avares, les orgueilleux, les persé- cuteurs par exemple : voila la premiere classe d’hérétiques, et ce sont précisément ceux a qui l’on n`attribue plus ce nom, le réservant a ceux qui sont en opposition avec l’Eglise sur des questions de doctrine. _ · Or, il faut remarquer qu’il est bien plus facile de juger des mœurs que des doctrines. Parlez d’un assassin, d’un . - voleur, d’un traître : Juifs, Turcs et chrétiens tombent d’ac- cord qu’il mérite d`ètre frappé par les lois. Mais s`agit-il de religion, aussitôt apparaissent des divergences : Juifs, Turcs · et chrétiens sont encore unanimes a reconnaître un seul Dieu et à considérer avec horreur l’athée ou le polythéiste. Mais déja, sur la personne de Jésus-Christ le dissentiment devient profond, les deux premiers groupes se séparent des chré- tiens. A leur tour, les chrétiens, unis jusqu’ici sur deux points 1 « un seul Dieu et Jésus·Christ son fils >>, se sépa1·ent aussitôt qu’on veut entrer plus avant dans la question: ` << bapteme, ame, invocation des saints, institutions, libre arbitre et autres questions obscures engendrent de violentes querelles; catholiques, luthériens, zvingliens, anabaptistes, , moines et autres se condamnent et se persécutent mutuelle- ment bien plus que ne font les Turcs aux chrétiens ». Que prouvent ces persécutions, sinon l’ignorauce ou nous · sommes de la vérité; car enfin, si tous ces dogmes étaient aussi clairs qu’il est clair qu’il y a un seul Dieu, on s’accor—