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362 suaasririv casranmon. Et s’il y a aucun cependant qui s’esforce de s’apprester ceste robe blanche, c’est-a-dire de vivre sainctement et justement, tous les autres s’eslevent d’un consentement contre luy, niesmement s’il est discordant avec eux en quelque chose : ils l’accusent, et prononcent hérétique, sans en faire aucun doute, comme s’il se voulait justifier par ses œuvres, et · luy mettent sus faussement crimes horribles, et esquelz il ne pensa jamais, puis le charbonnent et defigurent tellement par leurs calomnies envers le commun peuple, que les hommes estiment grand péché de l’ouyr seulement parler. De là vient ceste rage cruelle et brutale, a exercer cruauté, en sorte qu’on en voit d’aucuns estre tellement entlambez par ’ -telles calomnies, qu’ils sont comme enragez et forcenez, s’ilz voyent quelcun de ceux qu’on fait mourir, estre premièrement estranglé, et non . pas rosti tout vifa petit feu. Et combien que ces choses soient tres cruelles, toutesfois ils commettent encore un autre péché plus horrible, c’est qu’ils couvrent toutes ces choses soubz la robe de Christ, et protestent qu’en ces choses ils servent à. sa volonté,comme ainsi soit que Satan ne pourrait excogiter ne penser cl1ose plus repugnante à. la nature et volonté de Christ il Nous avons transcrit textuellement ce début plein de vie, parce qu’il donne bien la note de la préface. Il nous fait comprendre l’impressio11 de surprise des contemporains. C'était bien un pamphlet s’adressant au public laïque, aux ` profanes, au peuple; mais un pamphlet dont le ton n’est ni celui (l7El`3.Sl]l0 ni celui de Luther. On n’y trouvera ni la verve satirique et le scepticisme railleur du grand humaniste flagellant la barbarie monacale, ni la fougue de parole, l’in— temperance de passion qui bouillonne ardente, impétueuse, tour a tour grossière et sublime, dans les appels du Refor- mateur a la noblesse et à la bourgeoisie allemandes. C’est un gen1·e nouveau, le pamphlet protestant, clair, vif, populaire aussi, mais essentiellement sérieux et grave. Par la forme, ce sont les qualités de l’esprit français; par le fond, e’est l’austerité huguenote, la chaleur a force de raison, l’ardeur contenue, la démonstration en regle, ayant d’autant plus d’intensite qu’elle a moins d’exuberanee. Cet homme, on le sent, n’a qu’une passion : le désir de con- 1. Nous demandons lïndulgencc du lecteur pour la reproduction des passages que nous emprunterons dans ce chapitre au Traicte des hé:·étique.s·. Cc petit volume a été imprimé ClüI1dCSl.lIlCl’l'lCXlt, SUlVl1!ll. l.0l.ll.8 BPPKIPCIICB pû? des typographes (1ll€lIll1Ild5,0È 56115 (IUC lillll- ' teur uit relu le texte définitif. Outre de nombreuses fautes matérielles, il présente des con· tradictions soit d’oi·thogrnphe, soit d’accentuation, soit de ponctuutions dont la transcription n'ofl`riruit aucun intéret. Il y a des mots qui répétés trois fois dans lo. même page sont écrits trois fois d’unc manière différente.