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358 SÉBASTIEN CASTELLION· · de fidèles predicateurs de l’Évangile. Aussi est-ce de tout mon cœur que j’applaudis à l’entreprise de Théodore de Bèke de prendre la défense de Calvin par un écrit apologétique ‘. Cette nécessité d’une seconde apologie, sitôt apres la pre- miere, s’explique par un incident aussi grave qu`imprevu qui venait de se produire. Calvin e11 avait eu connaissance des le milieu de mars ’. · Un mois apres l`apparition du traite de Calvin, on apprenait à Geneve qu’il venait de paraître, en deux langues aussi — en latin certainement a Bale, en francais probablement a Lyon, — un petit livre destiné a prouver precisement le con- traire. L’Oll\’1'Zlg`(·} latin avait pour titre : De ltaereticis, an sint persequendi, et omnino quomodo sit cum eis agendum multorum tum octcrum tum recentiorum sententiœ .... Magde- burgi, per Georgium Ãlîausch, anno Domini 4554, mense Martio (in-8, 473 p.). L’édition francaise sans date, mais qui parut quelques semaines apres l’autre, était intitulée : Traicté des hérétiques, et savoir si on les doit persécuter, et comme on se doit conduire =acec eux, selon l`adcis, opinion et sentence de plusieurs auteurs tant anciens que modernes .· gran- dement necessaire en ce temps plein de troubles, et très utile ai tous, et principalement aux Princes et Magistrats, pour cog- noistre quel est leur of/ice en une chose tant dif/tcile et péril- ' · [euse. Rouen, Pierre Freneau, 4554 (in-8, 439 p.). La préface portait le nom de « Martinus Bellius >>, en francais « Martin Bellie >>, ou la sagacité des contemporains dechilfra ce sens 2 << Guerre à la guerre, guerre at Ceux qui usent du glaive >>. D’où partait cette attaque inattendue? Quelle main cachee osait lancer un pareil manifeste?- Calvin et Théodore de Beze n’euren|; pas de peine a le découvrir. Des le 28 mars 4554, Calvin écrit a Bullinger : On vient d’imprimer clandestinement à Bale sous de faux 11oms un livre dans lequel Castalion et Cœlius (Curion) prétendent démontrer 1. Opp. Calvini, XV, 126, 127. - C'est le même \\’aydner qui, après la publication de ce Traité de Bèze, s’étonne que Mélanchthon n’uit pas jugé tt propos de l’îmiter et se soit borne à approuver Culs-in dans une lettre nu lieu de donner au monde un temoignage public de son ‘ sentiment, comme Luther apres la guerre des paysans (30 murs 1555. Opp. Calv., XV, 534). 2. Lettre à Bullinger, IS murs 1554. (Opp. Calv., XV, 95.)