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LE SUPPLICE DE MICHEL SERVET· 355 _ Calvin, s’il y prit garde, put juger de l`impression des autres par celle de Musculus, que nous voyions quelques semaines auparavant Siingéuier a prévenir Cles interpreta- tions facheuses. Tout ce qu’il peut faire apres avoir lu Calvin, · c’est d’écrire : « je ne veux pas désapprouver l’acte du sénat ». Mais il ne peut s’abstenir d’opposer ai cette procédure celle que, sur ses conseils, on avait suivie a Augsbourg a l’égard des anabaptistes et même de l’l1érétique Claude de Savoie. ' On avait résolument renoncé non seulement a la violence, mais même aux injures et aux reproches; on voulait les gagner a force de douceur et de charité. Et il ajoute cette belle parole z « C’est qu`en effet l`ame de l`homme est de race noble, et elle se laisse plus aisément conduire que traîner. ‘ » -— « Grace a Dieu, ajoute-t-il avec un vrai soulagement de conscience, nous ainiions mieux sauver les ames rachetées par le sang du Christ que de les livrer au licteur ’! » Ceux même qui se déclarent satisfaits le disent en termes qui prouvent qu’il n’a pas fallu moins que l’autorité de Calvin pour les ramener. Le doyen dela cathédrale de Bale, Simon Sulzer, l’écrit naïvement : « L’écrit_ de Calvin 1n’a rendu courage, admodum me refccit “! » Mais le jugement le plus important pour Calvin devait être celui de Bullinger, le Calvin de Zurich. Il nous a été ' l]Cl1l`CllSGIIlGI1l§ conservé. Bullinger, done, lui écrit, apres une rapide lecture, le 26 mars 2 << Je ne doute pas que Vous Irayez traité le sujet tout entier avec une parfaite bonne foi. Je ne crains qu’une chose, c’est que le livre ne soit mal accueilli par beaucoup d’esprits simples tres attachés pourtant a vous et à la ` excuterc poteris quam ego .... Mihi magis placet sie agi cum hxereticis patienterlet mederatc ut, seeundum aduionitionem Apostoli, locus perniittatur resipiscentiu:. (Musculuu Blaurero, 27 févr. 1554. Opp. Calv., XV, 47.) ·1. a Est enim heminis animes geuerosus ne niagis fuciliusque ducitur quam trahitur, » (Même lettre du 27 févr. 1554.) 2. Même lettre. Nous voyons par la lettre qui suit (6 mars 1554) qu'Ambroise lllaarer n‘a pu sempèclier de lui donner raison, tout en plaidnnt la cause de Calvin. C'etait cause gagnée auprès du pasteur de Berne, et pourtant il revient ai la charge : il voudrait au moins que le livre eût paru sous un antre titre. « ne leeter a crudelitate ahhorrens, statim inspccto · illc, ut le/:li0ne libri al1ster1·eala1·, vel si legal., legat tameu meute gravi suspicione pra;0ccu· pata ». (Opp. Calu., XV, GS.) Ne dirait-on pas que Museulns pi-evnit Vnnecdote que va raconter quelques mois après la lettre de \\’aydner. (Voir ci-après, p. 357.) 3. Lettre ii Blaarer, 9 mars 155i. (Opp, Calv., XV, 74.) .