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348 sEeAsr1nN cAsrELLi0N. n’y' a rien de si absurde, de si impie, qui ne trouve des admi- rateurs et de zélés partisans ’! » ` _ Aussi le chef de l’Églisc de Zurich n'hésite¥t-ilpas à.1’CII1€l`— cier Calvin, ai Pencourager. ,« Vous ferez — lui dit-il avec une candeur qui eût pu lui donner à, réfléchir —- une chose. ' tres utile, et it peu près indispensable en publiant un abrégé de cette histoire. »—Il lui recommande de ne pas mentionner . nommément Bale comme foyer de l’opposition, pour ne pas envelopper dans le blâme que méritent quelques esprits ' curieux et pervers, tant d,l1OIl1I]lGS savants et pieux qui sont dévoués it l’Evangile et a Calvin. Sa lettre Haie, il ajoute en post—scriptun1 : << Vous n’oublierez pas de démontrer qu'il est légitime de punir du dernier supplice les blaspltéoitateztrs comme Servet et ceux qui lui ressemblent » ’. Nous avions déjà vu ce souci d’insister sur le caractere lzlaspltéiitatozre, c’est-it-dire attentatoire aux lois de l'Etat, au respect de l’Eglise ou a la dignité du culte. « Ce sont là, disait-il déja dans une premiére lettre, les véritables héré-· tiques endurcis “. » Et ce n`est pas sans motif qu'il y insiste dans sa correspondance avec les tl1éolog·iens d’Allemagne, L`un d’eux, et des principaux, André Hypérius, le savant el, tres orthodoxe professeur de théologie de Marbourg, lui écrit qu’il n’avait rien su de l’ail`aire de Servet avant de venir à Francfort, mais que dans cette ville il a constaté de divers cotés qu’un tres grand nombre de gens (permttltcs) s’éton- naicnt fort qU’on ont prononcé a Genève la peine Capitale contre un homme accusé seulement, d2`sa2`t-011, d’/téréstc. Pour moi, ajoute-t-il, je ne ine prononce pas e11core ‘. C`est pour les 1. Opp. Calc., XIV, 672. , 2. Lettre du 2S nov. (Ibid., XIV, GS4.) 3. Lettre du M sept. 1552. (Ibid., xiv, 121.) 4. « Ubi sanc anlmadverti passini permultos vchemcnter udmirntos Clim audirent eum extremo sapplicio alfectum Genevœ, quem 1'ama erat tantum hzereseos fuisse arcessitum. Ego vero nondum habeo quad pronunciem, cuni J. Calvini liber, mihi nondum perlectus, riubium planeque suspensum me detineat. » Ainsi c'est aprés avoir la ou commencé de lire lc traité ilc Calvin qn’nn homme comme Hypérius se déclare encore tout à fait hésitant! Cette lettre est datée 11 cal. Aprilis 1554 (original aux Archives de Zurich, ane. B. 23, n° 2, vol, 167). Une lettre postérieure d'Hypérins (17 sept. 1554) a été imprimée en partie. (Opp. Cale., XV, 231.) On y voit qn'Hypérius a été amené ix approuver le supplice des héréti- ques par Mélanchthon, qui lui a fait lire le traité dc Calvin. Dans une lettre de l`année suivante (11 sept. 1555), non imprimée, il raconte sur la foi rl’autres, que Melanelithon vn cnûn faire plus et traiter cette matiere « brevi qnzestiuncala scolastica expositam wi. Notons néan- moins que, dans son gros traité Dc lheologo (Strasbourg, 1562), Hypérius ne recommande contre l'héréLique que les moyens dc douceur.