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LE SUPPLICE DE MICHEL SERVET. 347 Il espere que la part prise par toutes les autorités suisses ât la décision, les obligera, ne fnt—ce que par prudence, a « philo- sopber moins audacieusement sur au tel sujet » ‘ (26 nov.), Il ne faut pas s`étonne1· que pendant cette premiere période, nous n’entendions parler que de protestations isolées se produisant exclusivement dans la société lettrée et dans le clergé. Pour le_ grand public, Servet était `absolument un inconnu; il nïavait aucune relation personnelle en Suisse; on y`a»«a1t it peine 'connu ses premiers ouvrages théologiques, vieux déja de vingt ans, on ne connut pas du tout le nou- ` veau, qui avait été presque aussitot saisi qu’imp1·imé. Mais des le lendemain de saimort, quand on apprend la question qui s’est trouvée posée a Geneve et la manière dont , elle a été tranchée, l’agitation grandit, les murmures s’accen— tuent. Il ne s’agit plus de l’l1on1me qui est mort seul, ignoré, incompris peut—etre, il s’agit du principe. Et l.’on s’en inquiète tellement que, des le 22 'novembre, Calvin annonce spon- · tanément tt Bullinger un projet qu’il. lui tarde d’exéeuter. Bullinger, qui sentait déja le besoin de pieces justificatives, · lui avait demandé une copie des articles de Servet et des réfutations du cle1·gé genevois. Calvin lui envoie le livre, mais il ajoute : « des que j’aurai un instant derelaclie, je montrerai dans un court traité quel monstre il a été >>. Le but de cette publication, il l’explique en deux mots 2 ce sera d’une part, de couper court a des attaques venant des adversaires (improbi) qui disent du mal de nous, « comme j’apprends, ajoute—t-il, qu’ils le font à Bale », et de l`autre, d’arreter les murmures de protestation d’un certain nombre de fidèles peu instruits (impcritvîj. _ ` Bullinger ne dut pas etre étonné de cette lettre. Lui.-même venait d`écrire au ministre de Bienne, Ambroise Blaarer, de maniere a lui montrer que tout n’était pas lini avec le bùclier, et Blaarer lui répondait le même jour que Calvin : « Je frémis de ee que vous n1’apprenez de l’afl`aire de Servet. .l’espérais qu’avec l’auteur, ses dogmes inipies auraient péri dans le feu. Mais ainsi va le monde depuis son origine 1 il · ·l. Opp. Cala., XIV, 683. · `