LE SUPPLICE DE MICHEL SERVET. 343 . gens scavants >l. Il disting·ue soigneusement son cas de celui << des anabaptistes sédicieux contre les magistrats >> et conclut qu’il n’a fait que « mettre en avant, sans sédition attcttne, cer- taines questions des anciens docteurs >>, et qtte « pour cela ne doyt aulcunement estre detenu en accusation criminelle » '. La meilleure preuve que ce moyen de défense n’était pas ii dédaig·ner, et- que le droit de mettre a mort l`ltérétique ` _ n`était pas si incontesté, c`est que des le lendemain de cette déclaration, Calvin et les siens dressent un second acte d’ac- cusation qui, sans supprimer le premier, vient utilement le · compléte1· sinon le remplacer et donner it la poursuite un tout autre tour. Les nouveaux « articles du procureur général » ne roulent plus sur l`l1érésie. Sous des formes habilement diver- siliées, ils tendent ài lui faire avouer : ot1 bien qu’il poursuivait un plan de campagne pour répandre ses idées, bouleverser les Eglises, minet· les institutions ecclésiastiques de Geneve i,' ébranler l’autorité de Calvin “,`ou bien tout au moins qu’il prècliait indirectement et favo1·isait l’immoralité ‘, que peut- etre il y etait lui—meme adonne “, ou bien encore qu’il semait des erreurs empruntées aux Juifs ounît l’Alcoran “. _ Servet s’appliqua à dissiper tous ces griefs, et le lecteur impartial de nos jours dira qu’il y réttssit. C`est précisément ce qui fait la grande portée de Faffaire de Servet; on n’a pas u cette fois donner le change it l`o>inion : Servet n’a été l) v > ::1 l brule, en Somme, que comme ltéréttque et pottr ses ltérestes 7. De la la'—·rande er lexité ue fait naitre son sunslice dans 7 le monde protestant. La correspondattce des réfortuateurs, en commençant par les calvinistes eux-memes, en fait foi. Y Servet est a peine en prison, que Farel — qui le juge « digne de mille morts >w et qui tremble que Calvin ne soit trop doux — s’évertue it réfuter les objections qu’il entend 1. 0pp. Cala., vnt, 763-766. 2. Artistes etc, 12, 14-16, 25-29. ` 3. APL. i3. · 4. Art. 20.
Art, 18-19.
G. Art. 2 et 3; -— Art. 2l et 22. S. On pourrait ajouter : et pour sa fière attitude. Calvin lui—tnème ne dit—il pas, parole sittgulièrctttent frnnelte : « Arrogantia non minus qnam nnpietus perdidit ltominem ww? (Rasp- avl ]}nl«l:ti1nm1, p. 99.) Il est tt noter en outre qtrit cette date (1569) Calvin tfallegtte plus le¤ crime d'hérésie, mais le blasphème : ·· execrabiles blasphcmias ultus est ».