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LE SUPPLICE DE MICIIEL sEIivEr. · 339 bien décidé at entendre ii demi-mot pour entendre sans hési- ter « la peine de mort i> dans la phrase enveloppée où il resume Sa conclusion : « Dieu vous demie une occasion de nous laver tous du soupcon,d'ètre hérétiques ou de favo- riser l’hérésie si vous vous montrezvigilants et diligents a empecher ce poison de se répandre plus loin >> '. Toutes les autres Églises, reproduisant en substance l’avis de celle de Zurich, sont e11core moins formelles. Celle de Berne ecrit par la main du pasteur Jean Haller : « Nous prions Dieu de vous donner l’esprit de prudence, de sagesse et de courage pourque tout ensemble vous éloigniez de votre Eglise et des autres cette peste, et que vous ne fassiez 1'lGI] qui puisse passer pour 11e pas convenir a un magistrat chrétien >> ’. Les autorités civiles elles-mêmes, avec de moins savants euphémismes, ne sont pas plus explicites. L’avoyer du _ ‘ conseil de Berne, c’est-a-dire celui des gouvernements con- fédérés dont l’avis devait avoir le plus de poids ])0LIl‘ Geneve, dans sa réponse en français se borne à dire ·:,«< Vous p1·ions · — comme ne doubtonspoint, a ce est1·e enclins —·d_e tou- siours tenir main que les erreurs et sectes, co_mme les dicts sont ou semblables, ne soyent semées en l’EsgIise de Jésus- Christ et par ce [vous] garder de trouble et adversité, et sa gloire avancer et augmenter » “. _ La culpabilité de Servet, la nécessité de prévenir la diffu- sion de ses bérésies; voila bien tout ce qui ressort de ces di- verses réponses, soit laïques, soit ecclésiasques. En d’autres circonstances, ces lettres — que laminorité anticalviniste du conseil de Geneve avait demandées, au dire de Calvin, en vue de lui résister ‘ —— auraient pu per- mettre sinon d’absoud1·e Servet, du mo_ins d`atténuer la peine ou de la commuor., t ' A i Pourquoi n’en fut-il rien? · · 1. Si videlicet. vigilantes fueritis diligentesquq cnveritis nc veneni Iiujus rentngio per Iiuue serpat latins, icl qued factures vos nihil dubitnmus. (Opp. Calc., VIII. 558.) Q. « Et simu] nihil admittatis qnod magistratui christiane inconveniens censcrî possit. » (Opp. C¢1lv.,VIII, S10.) · . 3. Opp. Cala., VIII, SIS. 4. « C’cst malgré nous, écrit-il ii Bullinger le 7 septembre, que notre magistrat vous cause cet ennui. mais ils en sont venus ix tenir pour suspect tout ce que nous leur disons. Si _gpîIi)i-mais qu‘il fait jour en plein midi, ils commenceraient par en douter » (Opp. Cnlv., XIV,