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LA BIBLE FllANCAslSE. 333 Tournez la page, la langue et le style vont encore changer. Voici le Cantique des Cantiques, « ce qui veut dire, ajoute en sous-titre le traducteur, la chanson des chansons ». Et c’est en effet d’une chanson d’amour qu’il essaie de nous. donner la fraîche impression, dans ses deux traductions. Mais il y réussit moins en francais qu’en latin. · Veut—on voir enfin notre interpete se mesurer avec la grande poesie, avec le sublime mème, dans les prophètes, dans les Psaumes, dans le livre de Job? En voici une page au hasard 1 Le Seigneur parlaainsi ai Job d’un tourbillon : Or t’équippe comme un- . vaillant homme, e me répond a ce que ie te demanderay. lll’oteras-tu mon droit? me bailleras-tu le tort alin que tu ayes le droit? Que si tu as tels bras que Dieu, et tonnes dc la voix comme luy, accontretoy de hautesse e excellence, e te vêt d,llODI`lC\lI‘ 0 de maiesté. Epar ton ardent courroux, e regarde tous les hautains e les abbaisse. Regarde tous les hautains e les rue ius, e broye les méchans tout E1. coup. Cache-les tous en terre, e plonge leurs faces en lieu qn’on 110 les voye plus. Parainsi ie confesseray que tu te pourras défendre par ta dextre. Vela Véléphant. que i’ay fait avec toi, qui mange du foin comme les bœufs. Il a sa force e vertu en ses flancs et nombril. ll démeine sa queue comme un cèdre, e a les nerfs du plus haut de sa queue brauclius. Ses membres sont tuyaux d’érain, ses os barres de fer, brief c’êt le chef-d’œuvre de Dieu, e n’y a nul qui osât mettre la main a l'épée contre luy, sinon celui qui l`a fait L Car les montagnes lui portent pasture, la ou toutes les betes · des chams s’ébattent. Il se couche sons les arbres onibrageux, e se retire parmi les cannes e mares, a l’ombre des arbres ombrageux, enuironné des saux de riuierc : e si boit vne riuiere sans s’étonner, tellement qu`il cuide bien engloutir le Jordain ai tout [avec] sa gueule, tant s’en faut qu’il se laisse prendre a percer les narines à tout des lanières. Saurois-tu bien ' tirer la baleine a tout un hameçon? ou lui serrer la langue d’vne corde? Lui mettrois-tu bien un crochet au museau, e lui perserois la mâchoire a tout vn poinson? Oy-da, elle te priera bien fort, e te parlera douce- ment, etc. (Job, XL.) Si l’on néglige l`étourderie qui fait manger du « foin » a 1`liippopotame, l’insupportable it-tout pour avec, et l’archaîsme mer jus (que Marot employait encore), quel relief dans cette page et, ajoute M. Douen, « quel bonheur d’expression dans ce mot retrouvé par M. Beuss : « C’est le Cllôf-(l`03UVl`C de Dieu », au lieu de la traduction de Budé et de Calvin z « C`est le commencement des voies de Dieu »! 1. Olivetun traduit : « Celuy qui l`:t faict en approchern son glaive vi. Les modernes leur· donnent tort ii tous deux et disent : « Son créateur l`nrmu d‘un glaive n, c'est-E1-dire de- défeuscs·(n0te de M. Uoucn). ` z