. LA BIBLE rimucmse. 331 la reproduction des métaphores liébraïques relatives ai Dieu. Naturellement l’effort des exégetes chrétiens, des protestants en particulier, a toujours été declierclier a atténuer ce qu’ils trouvaient de trop grossier dans l’anthropomorpliisme des textes sacrés. Si désireux que_ fut Castellion de tirer de la Bible un aliment digne de la piété la plus éclairée, il a compris son devoir de traducteur comme on le comprend de nos jours. C’est toujours le même homme que nous avons vu renoncer au pastorat plutôt que d`accepter une traduction excellemment, mais indument spiritualisée des mots : « il j est descendu aux enfers » ‘. Il ne se croit pas le droit de spiritualiser ainsi l’Ancien Testament, et il traduit en plein xv1° siecle avec la même << objectivité >> que Reuss ou Benan. Il nous dira, sans essayer de glisser sous le texte un sens mystique, a l’occasion du sacrifice de Noé : « Le Seigneur · sentit une socve odeur, dont il dit en sou cueur : Je ne mal— sacrerai plus la terre pour l`l1omme qui brasse mauvaitié » ’. Et de meme pour les innombrables allusions au « courroux >>, fr « I’ire », a « l‘agacen1ent » ", a la « vengeance » ou· au « repentir >> de Dieu : « Le Seigneur est enflambé d’une grande ` colere », etc. ". Si la langue, chez Castellion, avait valu le style, sa traduc- tion compterait au rang des oeuvres maîtresses du xvi° siecle. (Yétait peut-être une hérésie aux yeux de certains, mais ce 11`était pas une erreur littéraire que d’entreprendre, comme il le fait, de traduire chaque livre dans le style qui lui convient. Rencontre-t-il un proverbe? Il lui donne l’allure de l)1'0· verbe. Ainsi des la Genesc : —- Qui sang d’homme épandra, son sang par homme épandu sera. Et tout le livre des Proverbes de Salomon est traduit en cette forme des vieux adages populaires, comme : _ Biens mal acquis rien ne profitent, i ou celui-ci : j ` Au Seigneur prête qui a pitié du pauvre; _ 1. Voir ci-dessus, p. 195. S 2. Ex., 33, 92.
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4. 4, Itois, XXII.