LA Buste ramcaisu. 327 Estienne lui-même exagere, quand il lui reproche d’avoir écrit A « dans le jargon des gueux ». Mais il est bien vrai qu’il a écrit pour « les gueux » : sans adopter leurjargon, ila cherché ai leur parler la langue la plus accessible. Et c’est en y tra- vaillant qu`il lui est arrivé beaucoup trop fréquemment de tomber dans une de ces trois sortes de fautes : — ou bien d`employer des termes du dialecte locaI‘; — ou bien de ressusciter de vieux mots francais tombés en désuétude et · devenus inintelligibles en dehors de quelques patois ou ils ont été conservés ’; —— ou entin de 1·echercher tellement la forme populaire qu’il descend jusqu’au style le plus fami- lier, et parfois plus bas encore. Il dira : << l’homme sale a embu méchanceté a grosses g0utées“ >>. L’Eternel répond et Abraham : 1Ve1mi. Divers personnages y ajoutent même cou- ramment cette particule enfantine: dâ`, et disent « oui·da, non—da; et da je l’ai vu. Ma foi dal " » A cet égard on trouvera les détails les plus précis dans la note hnale de M. Douen, a laquelle nous sommes heureux de joindre l’appréciation autorisée d’un philologue particulie- rement compétent en matiere de vieux francais et de patois bourguignons, M. Clédat. Cet érudit explique l`origiue de nombre de mots qui ai premiere vue semblent des barba- _rismes et qui ne sont pour la plupart que des archaïsmes : Castellion avait conservé a Bale la forme correcte, laquelle en ce moment même faisait place en France ai l’écriture ou ai la prononciation moderne. . ‘ Nous aurions également ai signaler sa réforme orthogra- phique qui, sans etre radicale, était hardie autant que logique et devancait celle de Bamus, notamment pour la suppression I _ de l's étymologique (jusque dans le mot est, qu'il écrit ét), · Mais il est trop évident que ce 11`etait pas de Bale qu’un ( pareil projet avait chance d`ètre mené a bonne lin ni même 1. Le lodicr pour lo. couverture ai lit (Juges, IV, 1S). Les vases de terre dont les soldats de Gédeon tirent un si martial usage (Juges, VII, IG), sont des « toupins ». La Bible de Genève dit : « des bouteilles ». Adam et Eve après la chute cousent des feuilles et s'eu tout des ~= braires »·, etc,. 2. Il ne te chant de nulli, — des gens avenaires, - avoir Yaudivi sur quelqu’uu (l`nut0· rité). — Les faux dieux, ce tas de triqucniques. · 2. seb, xv, ic. 4. Genèse, XII, 13; 9, Rois, II, 20. `
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