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LA BIBLE FRANQMSE. 395 taillera sur un patron plus noble des Israélites qui senti- ront leur Versailles, ceux de Castellion auront l’allure des Savoyards ou des Suisses, mais ils vivront. Restitution naïve sans doute et pleine d’anachronismes. Qu`importe‘? Laissez · venir la critique moderne, et reprenant Vœuvre de Castellion avec des moyens dont il ne disposait pas, elle replace1·a dans leur cadre historique les Beni-Israël. Au temps de Castollion le plus grand effort de vision rétrospective que l`imagination pût faire consistait it rappro- cher la Bible du lecteur protestant par la traduction, a peu pres comme les mysteres, un siecle ou deux auparavant, la. mettaient ai la portée des foules. De la un effo1·t constant, dans cette traduction, pour donner du relief aux choses. De la les deux grandes regles auxquelles on peut ramener la méthode philologique de Castellion. ll les suit toutes deux avec une grande logique. La premiere pourrait s`cnoncer ainsi : entre deux mots qui peuvent_ traduire l`original, choisir le plus « entendible »,4 comme il l’appelle, c`est-a-dire le terme popula.ire usuel, celui qu’emploient non les lettrés, mais les gens du commun. En général c’est et la fois le plus clair et le plus expressif, c’est le mot propre. De meme pour les locutions : autant il cher- chait en latin la construction latine, autant il affectera ici l’allure du français tel qu`il se parle. ` La seconde regle s’applique à tous les cas ou la traduction proprement dite fait défaut, soit que le mot manque, soit que la chose meme ou n’existe plus ou ne soit plus intellig·ible. Dans ces circonstances, notre traducteur cherche un equiva- lent : loin de s’asservir a l.a lettre, il ne s’occupera que de _produi1·e une impression correspondante; il ne traduit plus, — il transpose. Essayons de montrer comment il l’applique l’un et l`aut1·e procédé. i Pour le premier — l’emploi dîune langue toute populaire — il n’y aurait vraiment rien ai objecter, si Castellion avait été dans des conditions normales pour réaliser ce programme si légitime. ltlalheureusement il n’avait Jamais parlé que le