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318 sEBAsTu~JN CASTELLlON· nisme, non plus celui des Longueil et des Bembo : on avait ` depuis longtemps renoncé ai désigner la Sainte Cene par sams- li/iczom cruslulum, l`Homme-Dieu par lteroco et le baptême par aqua: lustmles. Mais comme en ces matières tout est question de mesure et que la mesure elle-même varie au gré d'un0 impression fugitive, il restait alors ti Castellion des scrupules de latiniste que d’autres ne partageaient pas et dont lui- meme se défit plus tard : il préférait encore genius à angeles, lavarc, Zavacrzmz à bapl·izm·e, Zzaplismus, Orcus a Infermlm, collegium a sy2mg0ga,,respublica ât ecclesm. Beze lui-même reconnaît ‘ que Castellion a graduellement, mais spontané- ment abandonne la plupart de ces locutions. A ne parler que de la langue, il y a progres du Moses latines ài la Bible de 1551, comme de celle-ci aux éditions postérieures. Mais regardons-y de plus près : humanisme et latinite ne sont ici qu'à la surface. Au fond — les adversaires ne s’y méprennent pas, — cette « laîeisation » de certains mots de la langue ecclésiastique entraine celle de plus d’une notion correspondante. Et Beze n’a pas touta fait tort de penser que quand o11 n’aura plus de mot distinct pour dire bapteme, on sera bien pres de n`y plus voir une chose distincte. Il est déja grave de mêler le profane au sacré, combien plus de les confondre jusque dans la langue E! La même oùcette intention ne peut être supposée, il reste ai ce changement de vocabulaire, meme sur des points insi- gmtiants, une raison qui doit inqui.éter la théologie tradi- tionnelle : il a pour but de rompre avec la superstition de la lettre, avec le culteaveugle des hébraîsmes. C’est ce que remarque a bon droit un contemporain, admirateur enthou- siaste de sa traduction“. Le ton même dont Castellion réclame 1. fiesponsio ad defensionesu. Caslellionis, p. 3l. 2. Etienne Pasquier commentant le proverbe : ·« Il faut lais.s·e:· le mouslier ozi il est », ajoute : « Il ne faut rien eschanger de ce qu`une longue ancienneté a approuvé en une ` religion, jusqu’aux paroles mêmes. De notre temps Sebastien Castalion, pensant mieux parler latin que les autres en sa traduction, voulut mettre en usage le mot de Genius au lieu d'Angelus. Et. son œuvre en fut condamnée par tous. » (llecherches, liv. VIII, cb .xu.) 3. Fredericus Furius Ceriolanus Valentinus, auteur d’un curieux ouvrage intitulé Bononia, rive de Libris sacris in vemaeulam linguam convcrlendis libri duo et dédié a un cardinal. C’est it la suite d'un passage ou il félicite Castellion de nous avoir « montré le premier des livres saints qui ne sont plus semi-barbares, semi-grecs, semi-hébraiques ii (p. 320), que se trouvent les distiques ix répétition ou a refrain (p. 326) reproduits depuis