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314 SÉBASTIEN cASrELL1oN. _ il revient ai sa these favorite, qui rappelle celle de tous les. mystiques, bien qu’elle S’en séparesur un point. Comme eux il ne croit qu’a l`illumination de l’Esprit-Saint pour nous révéler le sens profond de ce qu’il a jadis dicté aux écrivains sacrés. Comme eux et d’apres les apôtres il croit et affirme que les plus ignorants, les plus inlirmes, les plus dédaignés sont souvent ceux qui entendent le mieux la Parole de Dieu., Mais cette inspiration du ·Saint—Esprit se confond pour lui avec celle de la conscience; ces révélations faites aux humbles ne sont pas autre chose que les intuitions d’un sens moral et religieux que la méditation fortilie, que la piété retrempe, que la vie instruit, que la piété pratique prémunit contre ses propres illusions. Et pour étayer la pensée d’un texte apos- tolique, il cite un passage (ll Cor., XIV, 6) ou saint Paul semble distinguer quatre formes du don des langues ou quatre manieres de prêcher la parole de Dieu, dont la der- niere -— la moindre et, dit Caslellion, la·plus périlleuse —— est le savoir au sens propre du mot, d0ch·2`7za. Combien mieux vaudrait la révélation directe et en quelque sorte ins·· tinctive par « l’esprit p1·ophétique >>l « Pourquoi, moi qui n’ai pas l’esperit prophétique (car aussi n'ai-je pas tant étudié en humilité qu’es lettres et scienceshumaines) je ne touche guaire en mes annotations les choses spirituelles sinon en tant qu’il et besoin pour entendre le train et suite du propos... e si ne veux pas encore qu’on croie follement à mes raisons... » Voila des traits de. cette bonne foi qui plus tard désarme- ront même un évêque : Daniel Huet ne peut pas terminer sa critiquede la Bible de Castellion sans rendre hommage 51 tant de modestie et de loyauté ‘. Abordons enlin la traduction en elle—mème. Ici le fond même de la question .nous échappe. Il faudrait, pour la résoudre, apprécier ces deux traductions le texte hébreu a la main, et déterminer le rang qui leu1· revient 1. Après avoir fait à cette traduction les reproches ordinaires : « fastidiosam venustatem, nimiam curnluram »=, il ajoute : « Ilomo coeteroquin simplex et ab omni fnstu nlienus, ut de eo vere scripsit Sammnrthnnus, et e.1:imiam in operis sui prœhztione ingenuitatem et cande- rcm [mt se ferens, proptcrcaque a nobis sine contumelia dimittendus n. (Huet, De claris interprctibus, p. 190.