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, LES DEUX TRADUCTIONS l)E`LA BlBLE· 3'l3 difficultés les unes ès mots, les autres au sens, e»les autres en tous deux. Quant à la difficulté qui gît ès mots, elle êt ou en un mot tout seul, ou en une sentence composée de plusieurs mots. Quant aux mots a part, la difficulte êt le plus souvent en ceux qui signifient choses, dûquelles il êt peu souuent fait mention, ou dêquelles il et seulement fait mencion n en telle sorte que par la sentence on ne peut sauoir que c`êt : comme sont la plupart des noms des arbres, herbes, ’e bêtes : item es mots des ouvrages des hommes, dêquels ouvrages la façon se change par succession de tems, ou et diverse en diverses nacions : comme sont les hahillemens, e vaisseaux, e outils. De tels mots mainlefois nous ne sauons bonnement qu’en dire, non plus que d’ici à mi1l’ ans on ne saura que veut dire pallctot, easoqutn, eertugaltc,martingalle, madoce, pistolet, e tels autres, si la façon en change, e qu’on ne les treuue sinon en écrit : beaucoup moins si la langue françoise se perd comme ]’Ebraïque e autres .... Quand en quelques lieux ie translate cormoran, héron, chmtue-souris, itwelot, hozzm, e tels autres, ie ne veux pas qu’on se fie toutullement en ma translacion : tant seulement ie sui ce qui me semble vraisemblable, priant qu’on m’ait ti pardonner, mêmement veu qu’en telles choses le faillir n`et pas dangereux. Il passe ensuite aux difficultés venant non des mots isolés mais de la phrase, et il en donne des exemples. Il prévient _ qu`il notera en marge les endroits « qu’il 1`l’OI1tClI(l1)?lS » : Quand i’ecri que ie n’entend pas un tel passage ou un tel, ie,ne veux pas pourtant donner ai entendre que i`entende bien sous les autres : ains veux dire que ès autres i`_y voi,quelque peu, e eu ceux la ie n’y voi goutte : e le fai aussi afin qu’en quelques tels passages on ne se fie pas trop en ma translacion. Toutefois ie ne montre- pas partout ce que ie n’entend pas : car ce seroit une chose infinie .... t On sait avec quelle indignation Calvin, Beze et leurs dis- ciples accueillirent ces déclarations, qui étaient si loin d’etre exagérées qu’apres trois siècles de progres, sur bien des points, la critique moderne les renouvelle encore ’. Combien plus la suite devait—elle les exaspérer. Indépendamment des diflicultés du texte, le sens même de lapensée est parfois obscur, dit Castellion, quand il s’ag·it non plus des choses charnelles, telles que le récit des faits, la description` deslieux, le compte rendu des discours, etc., mais des « choses spirituelles couvertes sous la lettre ». La 1. l\f. Reuss dans sa Bible, Genèse, V1, 3 : il Ce verset fait le désespoir des exégètes et IIOUS CDIIHIIEIIQOIIS pli? UVOUGP qllô notre lI‘U(Il1(}l.l0Il IIVCSI. Ql1,l.Ul essai IIPPÈS IJGXIUCOUP dvllll- tres, d’y loger un sens quelconque sans la moindre prétention d'avolr trouvé le véritable ».