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· LA « iiaiwistioua ou noisia >>· 275 la lin de la mème année 1545 ài un autre opuscule qui dans S3 PCHSÉO faisait S[lli,C tltlX Dt'(LlOgl68S§ UDC ]')I'éf£1CC, ZISSCZ précise en sa brièveté pour mériter peut-etre d’etre traduite ici, nous en explique l’idee premiere et le plan : On a coutume ‘ de faire lire aux enfants pour commencer l’étude du ' grec, Lucien, et celle du latin, Terence 2 deux auteurs dont l`un n’en- seigne que les adultères de Jupiter, les larcms de Mercure et autres traits semblables, l’aut1·e les amours malhonnêtes desjeunes gens, la per- versité des courtisanes, Pinfamie des entremetteurs. Que ferait-ou d’autre, je le demande, si l’on voulait former les enfants à Pimmoralité, que de laisser ainsi leurs ames recueillir d’abord les vices et devenir ensuite incapables de toute vertu? En quoi ditférons-nous des païens? Que pourraient nous souhaiter de pire les ennemis de la religion que de voir les collèges rempli_s de ces livres profanes, inspirer le mépris de la piété · et des bonnes mœurs E? 0 Juifs aveugles en tout le reste, en ceci vous avez eu plus de sens que nous : vous voulez que vos enfants dès le bas âge soient nourris dans les saintes lettres! Le poète l`a dit : Quo sexuel est imbuta recens servahit otlorem Testa diu 9. ll faut, à mon avis, que les enfants soient, des le début, instruits dans les plpinteàlettres et préservps commie de àa pepterdes ouvragâs impturs et ma onn es : ceux qui on appris ans e te s ivres, quan ensuite on veut les faire passer aux livres saints, restent comme hébétés, stupefaits de la nouveauté, ils se trouvent sous un ciel étranger : ils dédaignent la manne et regrettent les oignons d`Egypte. · Quelqu’un pense-t-il qu’il faut aussi de temps a autre goûter a ces œuvres païennes : soit; mais ce qu`on apprend dans la première enfance, on ne le goute pas, on s’en imprègne pour la vie. On n’approche jamais trop tard du mal, jamais assez tôt du bien ·‘. C’est dans cette pensée, pour permettre aux enfants d'étudier en même temps la langue grecque et la religion, quej’ai extrait de Josèphe, qui est un auteur excellent et d’une langue choisie, le tableau de la cons- titution de Moïse, tel que Josèphe l’a rédigé d’après les textes pris çà et la dans Moïse. Je l’ai mis en latin dans le st rte le lus familier mais y Y Jourtant sans 'amais re roduire servilement les helléuismes. l J l. llusage des extraits on recueils de morceaux choisis substitués au texte entier des Comédies ou des Dialogues n‘étuit pas encore très répandu dans la première moitie du siecle; il s‘est. généralisé pendant la seconde, tant dans les maisons des Jésuites que dans les académies protestantes. 2. Lire dans les Ménwires de Duplessis .l[0i·mly (t. Y, p. G5) l'ArIei: sur l'in,¢tiluti0n d'im en/rmt qu'0n veut noznwir aux lettres. Duplessis Moruny, enumcrant. les auteurs latins et grecs que l'enfnnt devra étudier, ajoute : ·· Qu‘on ne lui lise jamais rien de sale! » 3. Citation que faisait dejà dans le même sens Aide Mnnuee, dans la préface de ses Poetœ Cliristiuni vcteres. 4. Luther avait dit de même avec une grande délicatesse : u ll n`y si rien nu ciel ni sur la terre qui souffre moins la souillure que l`:lme de l`enfnnt. On dit que l'0:il est eliosc tendre et sensible : combien plus la conscience! ·» (Kuhn. I,ul·'¤m·, l, 27,)