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254 suimsrmn CASTELLION. accueil, si Argentier vint en aide a son ancie11 camarade, si quelques autres relations le soutinrent et Yencouragerent, la véritable providence de notre pauv1·e helléniste, ce fut Boni- face Amerbach. - Boniface Amerbach était le fils aîné d’un des grands impri- meurs du xv° siecle ’, qui avait été pour la Renaissance fi Bale un des ouvriers de la premiere heure. Au lieu de conti- nuer l’industrie paternelle, Boniface s’était voué a l’étude du droit. Des l’époque ou arriva Castellion', il était un des l1o1n— mes considérables de la ville :_il enseignait ai l`Université depuis 1526 comme professor pcmdectarum. Il avait été déja deux fois rcclor magni/icus. Son renon1 de savoir, d`équité, de sagesse grandissait d’année en année 1 de l’étranger, princes et villes s’adressaient fréquemment a lui pour lui demander une de ces consultations qui faisaient jurisprudence. O·n l’appela bientot le Papinien de Bale. Ses concitoyens lui confierent a plusieurs reprises les plus hautes charges de la république. Erasme n’avait pas attendu la faveur publique pour le dis.- tinguer. Il avait pris en une affection toute particuliere Boni- face encore étudiant; et, parmi tant de lettres du grand huma- niste où l'on se prend it regretter que ]’esprit parle plus que le cœur, on est heureux de trouver dans celles qu’il adresse ai ce jeune homme de vrais accents de tendresse. Il semble y deviner un autre lui-même, aussi délicat, mais plus ferme. Il faut rapprocher ces quelques passages des lettres d’Erasme . du beau portrait 2 où Ilolbcin nous représente Boniface Amerbach ii vingt-quatre ans, avant Son départ I)0tlI' Avignon, où il allait étudier le droit sous Alciat. quent compatriote de Castellion. C’est le gendre du grand Froben, Episcopius ou Nicolas Bisclxap. Mais c’est une erreur : il était de Weissenihourg, Il fut d'ailleurs certainement un des protecteurs, de Castellion. C'était un esprit large, libéral, courageux meme; il fut, avec son beau-pere Jérome Froben et avec Boniface Amerbach, un des auteurs de la protestation adressée ii Farel et a Beze, pour défendre la mémoire d`Erasme (1557), dont nous parlons un peu plus loin. — Opp. Cala,. XVI, ($49, et Baum, Beza, I, 30l. ‘ 1, Jean Amerhach, reçu bourgeois de Bale en 1431, « Tracker Hans von Emmerpach » (1444-1515), C`est de sa célèbre édition des œuvres de saint Augustin (1506), que date l'usage _ du nom de Sainl—.·\ugu.m'n, pour le caractère d'imprimerie qu'il emplnya le premier. 2. An Musée de Bale. On cn trouve une assez bonne reproduction en tète de l`étude de M. Emm. Probst, Boni/`acina Ame1·bach(62'* Neujahrsblatt der Geschellschaft zur Befordernng des Guten und Gemeinnützigen, Bale, ISS'}. in—«i), -7 Ce portrait porte la date du 14 octobre 1519. Voir ce que dit de cette « merveille » M. Paul Mantz. dans son Hans Holbein. p. 29. Voir aussi Vouvrnge de \\'oltmann 2 Holbehz und seine Zeit, 2* éd., Leipzig, 1856, in-S.