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ANNÉES l)E SOUEFRANCE. 240 guaient des amis trop zelés, trouvait moyen, en l558,`dans une discussion théologique it propos du libre arbitre et dela prédestination, de glisser cet étrange argument : « .Est—ce la fataliteon ta libre volonté qui te poussait, quand, dans ces dernieres années, tu avais`une gaffe ' ai la main pour enlever le bois dont tn voulais chauffer ta maison? Tu auras parler de la fatalité : il est constant- et cela suffit pour ta ‘ juste condamnation — que, le sachant et le voulant, tu te fais au détriment (l`ilUl.1'lll un gain honteux et criminel. >> Voici, littéralement traduite, la réponse de Castellion : « J’étais dans ces dernières années, — où tu dis queje volai du bois- dans la pauvreté a laquelle in’avait·réduit, tout le monde le sait, la virulence de vosattaques. « .le1n’occupais'de ces traductions de la Bible qui m’ont valu. . la haine et'l’envie de ceux—la meme qui devaient ni'en savoir gré. Mais c`est ainsi que le monde reconnait d`habitude les bienfaits. J’étais'donc tout entier ii ce travail, j’aui·ais mieux aiméimendier que de l’abandonner. Ma maison était sur le bord du Rhinjje m’armais parfois d’nne gaffe dans des moments de repos pour saisir au passage les bois flottants que le Rhin charrie quand il débo1·de. Voila l’acte que tu inter-, prêtes comme un larcin. « Interprétation peu bienveillante, tout au moins, et peut loyale. (jes bois sont propriété commune, ils appartiennent au premier occupant. Aussi ne m’en emparais-je ni clandes- tinement (que peut-on faire d.e clandestin en plein jour dans une ville comme'Bàle, sur le bord du Hhin?)`ni'seul: avec moi travaillaient it les repècher d’abord presque tous les pécheurs de profession, et souvent plusieurs de mes voisins. « Il y a plus. Un jour une crue de la`Byrse '¥— cours d.’eau qui se jette dans le Rhin en amont de la ville — avait crevé les digues; l’eau emportait avec violence les monceaux de bois qui d’habitude y sont mis en flottaison pour être de la transportés en ville par un canal dérivé dela Byrse ’. On einploya pour les 1·etenir plus de 200 hommes sur· divers E l. Ilarpayonem. Voir plus loin la lettre de Cnstellion où il annonce la publication de son Ilarpayonepz. . 2. Qui s‘nppelle encore nujeui·d'liui Saint-Alban Teich. (Teich, cn allemand, dmny, signiûe en balais canal,) . i