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244 snsasrinu cztsrunniou. que simple que se trouvaient at l’unisson, d’un bout de l’Eu— 4 ,rope at l’autre et des plus hauts rangs aux derniers de la société, tant d’hommes qui ne s’étaientjamais vus, érudits et théologiens, imprimeurs et pasteurs, écrivains et magistrats '. On est émerveillé de leur promptitude a se reconnaître, de leur facilité à s’ouvrir les uns aux autres, comme autant d’initiés à une haute pensée commune. Il faut tenir compte de ce grand souffle de confraternité it la fois littéraire et sociale, et, par suite, politique et reli- gieuse, pour comprendre une maison comme celle d°Oporin, et il y en eut de semblables dans presque toutes les villes protestantes. Ce n’est plus seulement la maison de Froben telle- qu`Érasme nous la décrit aux premieres heures de la Renaissance ’ : il y a quelque chose de plus. On y retrouve ` _ bien ce mème va—et-vient de messages et de messagers, de marchands et d’étudiants, d’ouvriers en tournée, de poètes en quête d`éditeur,.de professeurs à. la recherche d’une chaire; c`est toujours la meme vie enliévrée de ces ateliers qu’Érasme · appelle des fournaises, ayant pour tout délassement, le soir, les longs entretiens sur l`antiquité profane et sacrée, sur les questions théologiques et sur les problemes d'érudition clas- · · sique. Mais des devoirs nouveaux. sont nés de la gravité des temps: il ne s'agit plus de livres seulement, une autre guerre est engagée que « la guerre des Lettres contre la Barbarie ». Ceux qui arrivent tous les jours chez Oporin, ce so11t des fugitifs qui par miracle o11t échappé a la persécution, et la prison, au supplice, des pasteurs dont la tete est mise a prix, des moines ou des prêtres devenus luthériens et déjà cou- damnés par contumace ou brùles en efligie dans leur pays. Ceux qui partent, ce sont des hommes qu’il ne faut pas compter revoir, car ils vont au péril de leur vie semer la Réforme en France, en Angleterre, aux Pays>Bas. 1. C'est aussi ce qui explique leur correspondance si large, si étendue, siicordiale. Celle d`Op0rin (en partie publiée par Streuber, Burmanu, Maittaire, etc.) suffirait à montrer ce qu`il y avait encore de relations conüautes, presque intimes entre les esprits élevés des divers partis. Voir, par exemple, à la date qui nous occupe, sa touchante lettre à son ami Jeun Morel chez Guillaume du Bellay—Lnugeai à Turin, sur la mort de Simon Grynée (10 août 1541) : elle est encore inédite, croyons-nous (Bibliothèque Nationale, fonds latin, 8588). i

 Ou celle du vieil imprimeur Jean Àmcrbachgdont Jean Snpidus fera plus tard à son fils

Etoniface un tableau si animé, rappelant toute la fièvre de la publication des premiers clas- 5|(]ll€S·