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242 SÉBASTIEN CASTELLION. d’hébreu, Thomas Plater; et un ouvrier, Balthasar Ranch (Lasius), aussi habile typographe que grossier compagnon. _ Ifassociation avzut peu duré et beaucoup dépensé; 1l avait fallu la rompre. Oporin l`avait reprise un moment avec Winter, tout en acceptant de recomme11ce1· ses cours ‘ a l’Aca- démie. Enfin il avait fallu choisir, et la véritable vocation l`avait emporté: seul depuis deux ans et tout entier a soin art, Oporin entamait avec une indomptable énergie cette longue suite de publications grecques et latines qui devait. sinon l’enrichir ’, du moins illustrer son nom ". Des 1536, un bon juge, Etienne Dolet, passant dans une page fameuse de ses Commentaires cette grande revue des troupes de la Renaissance qu`il nous montre pays pa1· pays, ‘ marchant a l’assaut de la Barbarie, quand il arrive a la pha- lange sacrée des humanistes allemands groupés autour de Mélanchthon, place avec honneur Johannem Oporinlum entre le poete Eobanus Hessus, lc pédagogue Micyllus et le juris- consulte Omplialius. Et il ne faisait que répéter les éloges; affectueux de Simon Grynée ‘. Dix ans plus tard, Conrad Gesner écrira, par allusion it ces innombrables éditions de classiques ; « l’atelier d’Oporin, c`est le cheval de Troie “ ». Et des cette époque Gesner désesperait d`énumérer tout ce qui était sorti de ses flancs : ce n’était pourtant que le com- mencement d’u11e fécondité qui devait_se continuer vingt ans it travers toutes les tourmentes. A SBS 3.Ul.I`BS l'l]éI`itCS OpOl`lI1 BH UI] (IUC les CO1'ltBlll· porains 118 pouvaient pas apprécier, le courage. Il avait ce genre de courage qui naît du respect profond de la science. Au moment où Castellion arrive chez lui, il venait d`en donner deux 1. Au nombre de quatre ·: in grmca grammatica, in autore grmao, in przeeeptis rhetorices, in arte eonticiendorum carminum. (Thommen, Geschichte der Univeraitüt Basel, p. 357.) ·9. Majori longe publiei quam suo commode. (Herzog, Ath. Raur., p. 352.) 3. Gilbert Cousin (Cognatus), qui se connaissait en lettrés, écrivait à Joachim Pcrionius en lui recommandant le jeune Nicolas Bisehop (Episcopius) qu'il suffisait de lui dire que ce ` jeune homme était « vehementer ab Oporino laudutus, viro hujus mtatis lnndatissimo rv. Les privilèges que lui accorda dans la suite Yempereur Ferdinand, les offres que lui tit taire l`électeur palatin Frédéric, désireux de l’at.tirer il Heidelberg, attestent le sentiment d’estime générale qu'il inspirait, 4. Voir la charmante lettre-préface de Simon Urynée ai Oporin, en tête des lllovroipzou -i:a¤p¤i7·).q)ia¤. î¤-T°· 1533- ·

 Voir, dans Maittaire, Annales typographici, t. III, part. I, p. 215-2t7, le précieux cata·

logue méthodique, dressé par Gesner lui-mème, des principales publications savantes d’0porin. '