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ne soit passe par Lausanne. Il s’0st encore beaucoup plaint chez Zébédée, suivant sa coutume. »

Ainsi Castellion est allé de Geneve it Bale par la route de l’Etraz (via Stmta), c’0st-a-dire par Nyon, la Sarraz, Orbe,Yverdon, Neuchatel et Bienne. Il s’est arrêté tout naturellement, soit a l’aller, soit au retour,chez deux amis : à Neuchatel chez Mathieu Cordier; a Orbe, chez Zebédee.

Le premier nous est déjà connu. Mathurin Cordier était le plus modeste et le plus paisible des hommes; sans doute, il avait pour son ancien élève plus que de la deférence, et il ne pouvait lui venir a l’esprit de réformer les jugements de Calvin. Mais quoi? il n’ctait pas théologien et se plaisait a le dire; il n’était pas tenu et la même rigueur. Aussi n’est—il pas difficile de se le représenter, avec sa droiture et sa fine bonhomie, écoutant ce jeune collegue aigri 0t malheureux, le plaignant sans trop l,&l)])l`O\1V0l’ ou l`approuvant tout bas sans le lui dire, sappliquant a le calmer, lui prechant la modération et surtout cherchant ai lui venir en aide.

Tout autre est l’accueil chez Zébédée, alors pasteur a Orbe. Comment Castellion connaissait—il André Zébédée ? Probablement par les humanistes de Lyon, avec qui nous les avons trouvés l’un et l’autre en relations ala meme époque. De nombreux amis communs, Farel, Cordier, Ribit, Eynard Pichon’, avaient pu les rapprocher. André Zébédée, natif` du Brabant et de quelques années plus agé que Castellion, avait fait ses études it Louvain et ai Pa1·is. Des 1533, il avait été appelé au college de Guyenne, et le témoignage précis de Vhumaniste Robertus Britannus nous apprend l’estime toute particuliere qui l’y accueillit, et qui l’y retint meme ‘ malgré lui’ jusqu’au moment ou, comme les autres jeunes humanistes de sa génération, il lui fallut opter entre son pays et sa foi. Zébédée était de ceux qui devaient se pro- 4 noncer nettement et vite : si Britannus nous le fait connaître comme un esprit iin, d‘autres et de tres nombreux témoi-

1. Hex-minjnrd, v11, 181.

2. « Neque ego solum, sed multo magis mei eollegre quum unîversi hinc parnntexn nbire ntque llispnninm eegittmtem omnibus verhis, omni eopiarnm et fncultntum genere retinendum eensuerunt, etc, » (1*. 39-60, lloherti Britanni Epîstolxe, Tolosm, 1536, in—S.)