Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/252

93l SÉBAS'l`lEN CASTELLION renommée, mais que Lausanne est justement fiere d`avoi1· eu parmi ses premiers maîtres, l’illustre botaniste Conrad Gesner, qui venait de partir pour aller compléter ses étude:. a Montpellier (1541). . ` Il allait recevoir un autre jeune fugitif qui devait se faire un nom : le parisien François Hotman. C`etait alors un jeune et courageux proscrit que son pere, conseiller au par- lement de Paris, punissait d`avoir suivi Calvin et espérait ramener e11 lui refusant tout secours. Lausanne lui confia la chaire de Curione en 1547. Que Castellion ait du être attiré par un tel centre d’études et de 1·elations, comment en douter? Il résista cependant ai l`attrait. Il nc retourna pas ai Lausanne. Il evita même d’y passer, soit qu’il crût toute démarche inutile, et qn`a défaut ' d`emploi scolaire il ne vit aucune autre ressource pour lui dans une ville qui n`avait pas encore d’imprimerie ‘, soit qu’il doutat desormais des bons sentiments de Viret, ami trop intime de Calvin, pour rester le sien : on comprend qu'il n’ait rien voulu lui demander, apres la part que celni—ci avait prise a sa condamnation En Geneve. , H _ · . Pa1· deux billets de Viret ai Calvin du commencement d’août 1544, nous savons quelque chose des démarches de Castellion et de so11 état d’esprit. « On vient de me remet- tre », écrit Viret qui arrive de Berne (4 aoùt), « une lettre de Farel qui fait mention de Sébastien : il a été a Neuchatel et s’y est beaucoup plaint. Veillez a ce que personne 11e machine rien contre vous; mais le Seigneur confondra vos envieux. » Et le 9 août : « Vous ètes renseigné, je pense, sur Sébastien; j’apprends qu’il se réfugie it Bale chez Oporin. Ce qui m’étonne, c`est que ni en allant, ni en revenant, il 1.La première imprimerie fut établie a Lausanne en 1555.Jean Rivery avait été autorisé à imprimer les Proverbe.: de Salomon en ryme (9 avril 1556), mais il transporta bientùt son ~ industrie à Genève, et ce n`est qu‘en 1571 qu'unc nouvelle imprimerie fut établie à Lau- sanne par Jean le Preux, ûls d`un imprimeur de Paris. (Voir Favey, Supplément au ])ic· lionnaire historique du canton dc Vaud, article Imraimnms.)