Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/245

Cette page n’a pas encore été corrigée

I LIAISON AVEC OClllN0· 227 laisse1· ignorer au lecteur que ces cxposztloncs écrites en italien par Ochino ont été traduites en un très bon, peut-etre trop bon latin, « par un homme fort instruit qui, voulant donner - St 1`Écriture le tour du latin classique, déconcerte parfois les théologiens : il n’a suivi dans le texte de saint Paul ni la vieille version ni celle d`Erasme, mais (ut bene grzecus est) une traduction ft lui >>. L`éditeur a d’abo1‘d cherché, il l'av0ue, A ii rétablir les citations (l,HI)l`ÈS la version en usage, mais il n’a pas tardé ài reconnaitre que d'abo1·d il était impossible de démêlerle texte de Paul de celui du commentateur', et qu’en- suite ces variantes n’avaient pas été adoptées sans intention. « Il se persuade Hnalement que la lecture en sera doublement utile aux étudiants en théologie, et il prie le lecteur de ne pas s’oli`usquer de cette pureté même du langage. Nous reconnaissons la le souci de la langue cicéronienne auquel obéissait alors Castellion. Les passages qu’il a traduits it sa maniere sont emp1·untés it la traduction nouvelle qu’iI préparait déja avant son départ de Geneve. Ochino lui a vrai- semblablement remis son texte italien lors de son passage it Bale en aout 1545, en lui demandant de lui en adresser la tra— duction latine da11s sa nouvelle résidence. Rien ne fraie plus vite les voies it une profonde intimité que ce travail en commun sur la méme pensée, cette pénétration de deux intelligences que suppose une traduction. Quand l`auteur est une ame généreuse qui a des trésors à répandre . et qui aime a se donner, le traducteur devient vite un disciple s`il est lui-meme jeune, ardent, préoccupé jnsqu’a la passion des mêmes problemes. Et quel charme ne devait pas avoir le commerce d’un homme comme Ochino! Nous ne pouvons nous dissimule1· l`influence qu’il a exercée sur le développement théologique de Castellion. i ` Des le début, deux traits du caractere d’Ochino devaient faire sur son esprit une vive impression : d’abord il a quelque chose de populaire et de simple, il, conserve ce je ne sais quoi 1. Ou trouve la trace de cet embarras que confesse Yediteur, dans le procédé typographique très compliqué auquel il a recours pour mettre entre parenthèses, ii défaut de guillemets; les membres de phrases empruntés au texte de saint Paul, mais traduits et paraphrasés tout ensemble. Ochino mele si intimement son commentaire au texte que c'est par endroits un scul et même tissu ou les deux pensées, à force de se pénétrer, se confondent.