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‘ LIAISON Avec ocnmo. 223 de Ratisbonne. Ochino va le voir a Bologne : il le trouve en proie à un mal qu`on attrihuait, qu’il attribuait lui-même au poison : ne lui faisait-on pas expier sa trop grande mansué— tude al’eg·at·ti des novateurs et sa secrete complaisance pour le dogme de la justification par Christ'? Au sortir de cette entrevue, soit qu’il ait recu les dernieres conlldenees du prélat morihond, soit qu'il ait seulement recueilli les impressions de son entourage, Ochino est décide: il n’i1·a pas at Rome, et il l`ecrit de Florence it Vittoria Colonna, en lui expliquant avec la plus noble simplicité les motifs de sa conduite : il ne veut ni sauver sa vie en se résignant à prèclner l’Évangile sous un masque, it mots couverts, ni aller se livrer à des ennemis qui 11`ont d’autre but que de supprimer un champion de la vérité : il fuira. La nuit même qui suivit sa fuite, les gardes du pape cer- naient le couvent ou il avait du venir coucher: il ne s`était donc pas trompé sur le sort qui l'attendait it Rome, et l’on n`avait pas meme eu la patience de garder jusqu’5t son arrivee à Rome les apparences qui devaient l’y attirer. Tandis que la disparition et l’apostasie du capucin agi- taient toute l’Italie, mettaient en péril l’existence de l’ordre tout entier et précipitaient en somme le mouvement de la - Curie romaine dans le sens de la réaction, Ochino entrait ohscurement à Zurich, puis a Geneve. Il y a quelque chose de touchant dans la maniere dont il entre en relations avec Calvin. Le réformateur n’est pas sans méfiance a l’égard des Italiens en général, des moines en particulier. Cependant en peu de jours il juge Ochino : « Son premier aspect, dit Calvin lui—même, commandait le respect ». Bullinger, qui ne l'avait vu que deux jours fr Zurich, avait eu immédiatement la même impression 1 Venc- ` mnclus scncoc, miram prœ se fcrcns majesmtcm ‘. Avec sa haute stature encore droite, ses cheveux gris et sa longue barbe tombant su1· la poitrine, son grand front'et son beau regard volontiers levé ve1·s le ciel, c’était déja un vieillard -—— il en avait la douceur et l’autorite, —' mais il 1. Lettre En Vadinn, 19 décembre 1549. 4 ·