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210 suexsrmu CASTELLION. main du Seigneur, qu`il punissait ainsi les parjures qui demeurent au milieu de nous; quoi d’étonnant si pour tant de crimes et d’abomina- tions la colère de l)ieu eclataît .contre nous, alors que, pour la faute d’un seul homme, elle s’était autrefois enflammée contre tout le peuple d’Israël. Je déclarai aussi qu’il n’y aurait pas de fin à ces maux jusqu’1 cc que notre collège pastoral fût purge des crimes qui le souillent. Et enfin je les exhortai ai descendre chacun en lui—même pour reconnaître qu’ils sont punis justement. Eh bien! loin de m’avoir compris, ils ne pensèrent au premier moment qu’à se venger, quelques-uns du moins, et voici comment. Cc moine était au service de deux gentilshommes [les frères du Fou;] qui étaient fortement soupçonnés d’avoir eu conunaissauee de l‘accusa- tion et d’y avoir aidé. Quelques-uns des nôtres se mirent ai dénoncer tout bas l’un de ces deux personnagesf comme ayant fort mal parlé du gou- vernement et criblé d’outrages une bonne partie des membres du Conseil. Or vous savez combien notre Conseil est chatouilleux sur ce point. Aussitôt que j’appris ces propos,je les convoquai tous, et je les avertis de ce qui allait arriver. Je les menaçai, s’il survenait quelque chose de plus grave, ne pas attendre d’ét1·e mêlé ai ces désordres 2 ils verraient, moi absent, si leurs épaules sont en état de supporter le fardeau. On emprisonne l’un des deux gentilshommes 2. Pour se defendre, il rejette sur Louis [Treppe-- reauxl, notre`collègue, une accusation qui ne pouvait guère se terminer que par la mort ou tout au moins l’exil. ll a, en effet, plusieurs témoins que Louis a dit que les syndics de l’an dernier avaient été nommés exprès pour faire couper la tête aux ministres à leur première faute et plusieurs propos du même genre ". D’un autre côté, notre Sébastien s`est emporté contre nous dans une sortie aussi violente que possible. Il y avait hier à la congrégation pour ` l’explication familière de l’Ecriture environ soixante personnes. On ètudiait ce passage : Nous montrant en toutes choses ministres de Dieu, par une grande patience, etc. ". Il se mit; à tisser une antithèse perpétuelle pour établir sur tous les points le contraste entre nous et les ministres de Christ. Voici son jeu d’esprit: « Paul était serviteur de Dieu, nous le sommes de nous-mêmes; . « il était très patient,nous très impatients. Il passait les nuits pour se con- I. Louis du Fouz, gentilhomme du Maine,.

 « Vendredi 30 mai. —- Ordre d`inforuier sur le proces dudit Du Fouz, « et que touchant

les parolles qn'il a diest que maystre Loys [Treppereaulx] avoycr diestes contre la Sey;zn*‘· en soyent prinses informations, et, si ce constc, soyent confrontés. » —— 3 juin f54·'n_ -· « Noble Loys du Fou: et Johan C/tapperon, détenu:. — Lesqueulx iront esté détenu: pou · aulcunes parolles qn`il uvoyent diestes, et ayant entendu le contenuz de leur pressés. •Il'd0I)fl(î QUE, llV€Cq\lC bllllllûrê I‘()l'\'\0DStI`(\IlCCSt SOYCIIÈ lil')CX‘(t5 PICS I)l*iS(\f`l5, CX] pûyllûfli. lClI ' despens. Et ledictz Dufouz a fayct ses excuses, et que (tliampperenulx, Treppereaulx e‘ Mégret, ministres, liont user de gran propos contre le magistrat, et que quant il luy il veul; toute sa vie porter honneur et révérence aut magistrat. » 3. Voici en quels termes le registre du Conseil confirme le récit de Calvin : il \’eudrerl;· 30 nmii IBM. — Les s" C0 net rle la Rive. Mollars, C/ticzm, 'contre mrzzslre LOIR T1·e1·· ` fl J J J 1 pereaular, ministre. ·—— Lesqueulx liont fayct pluientiffz comment il leur est venuz ài notice que maystre Loys Champcreaulx [lise: .· Treppercaulx], ministre, les a blasnxé, disant qu'il estient reueviers [usuriers] et papistes, et que l'an¤ée passé il fure ordonné s" scindicquezs pour leur coppé les testés. si fayssient quelque offence. Requérant justice. (Jrdouné que bonnes et légitimes inforniutious en soyent pi-iuses pour sur celle procéder en justice. »· ·i. Il Cor.. vi.