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sans colere, sans outrage, sans violence de pensée 11i de langage. C’est un des cas les plus nobles de conflits du devoir. Ceux qui excluent et celui qui est exclu agissent également par conscience.

Des deux fractions du protestantisme de langue française qui se séparent à ce moment, ni l`une ni l`autre n’a lieu de rougir de son origine.

IV

De ce que Calvin n’avait pas hésité it exclure du ministere le candidat qui loyalement déclarait ses doutes sur des points secondaires, il ne faudrait pas conclure qu’il y eut autour de i lui une opinion absolument allermie dans le même sens. Tout ce que nous savons par les registres du Conseil et du Consistoire de Geneve, par la correspondance des réforma-· teurs, par celle même de Calvin, nous fait voir au contraire plus d’une répugnance it suivre l’inHexible théologien.

Voici ce qu’il écrit quelques jours après cette décision. Il a reçu la visite de l`helléniste Jean Bibit, ancien principal du collège de Vevey ‘, successeur de Conrad Cesner dans la chaire de grec a Lausanne, homme fort instruit, très lié avec Viret et qui jouissait, par son caractère comme par son savoir, d’un renom croissant a Berne et a Genève.

C’était le moment ou venait enfin de se conclure, après plusieurs années de négociations compliquées, un accord définitif entre Berne et Genève au sujet de questions de frontière et d’anciennes franchises. Calvin avait pesé de toute son autorité sur les Genevois pour faire prévaloir les idées de conciliation.

Jean Bibit félicite Calvin de ce triomphe, lui parle des écrits que Viret prépare, de divers autres points.

Puis Calvin ajoute, écrivant à Viret : Ribit m’a aussi parlé de Sébastien. Il avait l`air d’insister très vivement sur ce que nous n’aurions pas du le mettre de côté. Comme il me répétait toujours ce mot : « mais

1, Voir une lettre de ltobert Estienne le priant de continuer àeollaborer En son T/te.m1u·u.v linynm yrœc.2 (6 février lï>it)), dans Opp. Calc., XI, IS, et dans Hermiujnrd, VI, t’79-ISI.